Un drame impliquant des cas d’intoxication alimentaire a secoué le village de Kpetsou, dans la préfecture de Bas-Mono au sud-est du Togo, en juillet 2025. Plusieurs habitants ont été touchés après avoir consommé du « houmbli », un bouillon à base de sang coagulé d’animaux.
Dans ce contexte, des publications sur les réseaux sociaux clament que le drame a causé un nombre élevé de décès. C’est le cas d’une vidéo d’une minute 18 secondes diffusée le 29 juillet 2025 par le compte TikTok MIKEL T 228. La légende de la vidéo indique : “ au secours dans le Bas Mono des décès à Afagnan Kpétsou” (Captures d’écran ci-dessous)

« Je suis là pour vous confirmer que les gens ont mangé le bouillon de viande. C’est-à-dire, le sang coagulé a été torréfié et vendu dans le marché de Kpetsou, plus précisément au Bas-Mono (…) Les enfants ont mangé, les femmes, ils ont commencé à chier, ils ont commencé à faire la diarrhée chronique. Les hôpitaux sont remplis », affirme l’homme dans les 20 premières secondes de sa vidéo.
Pour illustrer ses propos, l’auteur de la vidéo affiche également une prétendue image de ce bouillon, dans un sachet noir déposé sur une table ainsi que des images de bâtiments à la suite.
Selon l’auteur, 2 voire 3 décès ont été répertoriés dans cette commune, et les établissements de santé sont remplis de patients, notamment l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan et les CMS. « Allez voir les images, il y a beaucoup de décès, 3 décès, 2 décès, on n’a pas encore chiffré mais il y a des décès, l’information est vérifiée.», a-il poursuivi, évoquant ensuite une maladie contagieuse, un produit injecté dans le bouillon ou encore la mauvaise conservation du mets.


Devant cette situation, il lance un appel au secours, à l’endroit de l’organisation mondiale de la santé et du ministère de la santé de venir secourir la population terrorisée d’Afagnan Bas Mono.
La publication totalisait plus de 179000 vues, 4753 mentions j’aime, 307 commentaires et 331 enregistrements à la date du 6 août 2025. D’autres utilisateurs de Tiktok ont également diffusé des contenus alarmants qui relatent ce drame de Kpétsou. Certains prétendent que 50 personnes touchées et 6 décès ou plus ont été enregistrés dans cette communauté.
Cependant ces affirmations sont exagérées.
Selon nos recoupements d’informations, les résidents de Kpétsou ont effectivement signalé des cas graves d’intoxication alimentaire suite à la consommation d’un bouillon de sang de chèvre. Mais, les données officielles ne font pas état d’un nombre aussi élevé de décès à cette date. On fait le point
Les Recherches
La rédaction de Togocheck a envoyé un message à l’auteur de la publication le 1er août 2025 sur Tiktok, mais n’a reçu aucune réponse.
Des recherches avec des mots clés ont orienté vers un article du site internet du Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de l’Accès Universel aux Soins mis en ligne le 29 juillet 2025. L’article titré “Intoxication alimentaire à Kpetsou : Le Gouvernement réagit promptement”, rapporte que « la situation actuelle à Kpetsou fait état de 04 décès communautaires» .
Selon le ministère de la santé, les populations du canton de Kpétsou dans le district du Bas-Mono dans la région maritime sont victimes depuis le lundi 29 juillet 2025, d’une intoxication alimentaire grave ayant conduit à des décès d’individus. Des cas de diarrhée aiguë chez plusieurs personnes ont été signalés dans le village de Kpetsou à la suite de la consommation d’un aliment fait à base de « sang caillé cuit » d’animaux, communément appelé « Houmbli ».

« (…) Une cinquantaine de patients sont actuellement hospitalisés à l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan. Nous y avons mobilisé du personnel médical et avons disponibilisé les médicaments pour une prise en charge gratuite et adéquate de ces cas », peut-on lire dans l’article citant le docteur AGBETIAFA Komivi Vovolité, directeur régional de la santé, région maritime.
En dehors de ces dispositions le ministère dans son article a indiqué avoir effectué des prélèvements pour des analyses au laboratoire afin de déterminer le germe causal.
« Des analyses complémentaires sont en cours pour déterminer avec précision l’origine microbiologique ou chimique de l’intoxication, tandis que des campagnes de sensibilisation devraient être déployées dans les jours à venir.», rapporte le média en ligne Republicoftogo dans un article du 28 juillet 2025.
Plusieurs autres médias en ligne locaux et étrangers ont également rapporté l’information dans leurs articles.
Des précisions après analyses
Quelques jours après les événements, et suite aux analyses, les spécialistes de la santé ont apporté davantage de précisions.
D’une part, l’Institut national d’hygiène (INH) a précisé que les décès enregistrés dans le cadre de cette intoxication alimentaire à Kpetsou sont dus à une contamination par un cocktail de bactéries.
Dans une mise au point reprise par plusieurs médias locaux dans des articles en date du 6 août 2025, l’INH a indiqué que « (…) les analyses ont révélé une contamination massive du bouillon et de l’eau utilisée, avec plusieurs bactéries identifiées : Escherichia coli, Bacillus spp et Clostridium spp. Ces germes ont également été retrouvés dans les selles des patients, confirmant une toxi-infection alimentaire d’origine microbienne.»
Quant aux décès annoncés, Docteur AGBETIAFA, interrogé ce 5 août 2025 par notre rédaction, apporte des clarifications. Selon ses propos, le nombre de décès liés à cette intoxication alimentaire est évalué à 3 et non 4.
« On s’est rendu compte quelques jours plus tard que deux des quatre premiers décès que la communauté avait signalés n’étaient pas liés à cet évènement d’intoxication alimentaire.
Au 5 août 2025, nous avons enregistré deux décès dans la communauté le 3 août 2025 et 1 décès quelques jours plus tard au CHU Sylvanus Olympio à Lomé suite à l’ évacuation sanitaire du patient », a-t-il déclaré à notre rédaction.
Au final
Les allégations concernant un nombre élevé de cas et de décès dû à une intoxication alimentaire après consommation de “Houmbli” dans le village de Kpétsou sont exagérées.
Au 5 août 2025, les analyses médico-légales ont confirmé 3 décès. La contamination du plat a été causée par un mélange de bactéries provoquant des diarrhées chroniques. Le gouvernement a pris des mesures et aucun nouveau décès n’a été signalé depuis.