Une publication diffusée sur les réseaux sociaux indique que les masques faciaux poussent le virus responsable de la Covid-19 dans le cerveau. Cette information est fausse.
Les origines de l’information
Dans une publication en anglais datant du 11 mai 2020 sur le site web Technocracy et titrée «Blaylock: les masques de visage posent de sérieux risques pour les sujets sains», docteur Russel Blaylock, un neurochirurgien américain affirme qu’«en portant un masque, les virus exhalés ne pourront pas s’échapper et se concentreront dans les voies nasales, pénètreront dans les nerfs olfactifs et voyageront dans le cerveau ».
«(…) non seulement les masques faciaux ne protègent pas les personnes en bonne santé de tomber malades, mais qu’ils créent également de graves risques pour la santé du porteur. L’essentiel est que si vous n’êtes pas malade, vous ne devriez pas porter de masque facial.», peut-on lire dans l’article.
Le même article, repris sur le site web américain www.sott.net a été commenté plus d’une vingtaine de fois.
La théorie est également relayée plusieurs fois sur la toile et reprise, entre autres, dans une publication le 21 mai 2020 par l’internaute Jeppy Néron sur Facebook.
Selon conspiracywatch.info, une presse en ligne française entièrement consacrée à l’information sur le phénomène conspirationniste, le négationnisme et leurs manifestations actuelles, «Sott.net (« SOTT » pour « Signs of the Times ») est un site complotiste (…)» qui « (…) héberge des théories conspirationnistes.»
Newsguardtech, une plateforme de lutte contre les intox, la mésinformation et la désinformation cite le même site (sott.net), parmi les 321 sites « d’actualité et d’information évalués Rouge par NewsGuard aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Italie et en Allemagne (…) comme ayant diffusé de fausses informations sur le virus (Covid-19). »
Des recherches effectuées sur Wikipedia révèlent également que le docteur Russel L. Blaylock est un neurochirurgien américain à la retraite. Auteur de quatre (4) livres, il est connu, selon l’Agence France Presse, pour ses théories complotistes, et son permis d’exercice de médecine est caduc dans plusieurs États américains.
L’avis des experts de la santé
Contacté, via la messagerie Whatsapp, par Togocheck le Professeur Prince-David Mireille, Professeur en bactériologie-virologie à la retraite et membre de la cellule de crise mise en place pour la riposte contre la Covid-19 au Togo, affirme que “Les cellules du cerveau ne peuvent jamais être contaminées par un coronavirus, car elles n’ont pas le récepteur pour accueillir ce coronavirus”.
Selon les explications du Professeur sur le mode de contamination des coronavirus «Un virus n’est pas un être vivant, mais pour qu’il puisse se reproduire, il faut qu’il entre dans sa cellule cible. Les cellules de l’arbre respiratoire (les narines, les bronches, l’arrière gorge) ont le site de réception, la porte d’entrée que les coronavirus peuvent reconnaître facilement.»
L’efficacité des masques démontrée
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé, début juin 2020, le port du masque en public, car il peut aider à stopper la propagation du coronavirus. Selon l’organisation, de nouvelles informations montrent que les masques peuvent constituer “une barrière pour les gouttelettes potentiellement infectieuses“.
L’OMS précise également que « Le port du masque (…) peut permettre aussi bien à des sujets en bonne santé de se protéger (en cas de contact avec une personne infectée) qu’à des sujets porteurs de virus de ne pas les transmettre.»
Au Togo, le port du masque est rendu obligatoire par le gouvernement, depuis le 8 juin 2020.
Dans le même sens, un groupe de six (6) médecins et infectiologues français, dans une publication du 14 avril 2020 sur le site d’informations medicales, www.infectiologie.com explique : «Les masques chirurgicaux recommandés dans les précautions complémentaires ont deux objectifs : 1.Protéger ceux qui les portent contre le risque de contact entre des gouttelettes > 5 micromètres contenant des microorganismes et les muqueuses du nez et de la bouche ; 2. Porté par un patient atteint d’une infection respiratoire, prévenir la contamination de l’entourage en retenant les gouttelettes émises lors de la toux, des éternuements et de la parole »
Sur le plan technique, le site français spécialisé dans la veille technologique et les innovations, industrie-techno.com, explique le mécanisme de fonctionnement des masques « Contrairement aux masques à usage non sanitaire, appelés aussi masques barrières ou alternatifs, qui filtrent particules et virus par tamisage au moyen de fibres proches les unes des autres, les masques chirurgicaux et FFP2 sont conçus sur un principe différent.»
« Ils font appel à des matériaux filtrants comme la microfibre de polypropylène, une résine plastique hydrophobe dont les filaments ont généralement un diamètre de 5 micromètres et forment des pores de tailles variant entre 10 et 20 micromètres. Les particules se collent durablement à ces filaments grâce à des interactions électriques de faible intensité, générées à courtes distances entre les molécules. Ces principes de la thermodynamique sont appelés “forces de Van der Waals”.», précise le site.
Selon une étude réalisée en Chine entre janvier et février 2020 et publiée le 10 avril 2020 par le Journal of American Medical Association (JAMA) sur son site Jamanetwork «(…) à notre connaissance, il n’a pas été rapporté que les patients atteints de COVID-19 avaient des manifestations neurologiques ».
Comme le précise le site français d’analyse de l’actualité économique, historique, politique, littéraire et scientifique, franceculture.fr, «le cerveau, organe central et très fragile, est extrêmement bien protégé des pathogènes extérieurs, grâce à la barrière hémato-encéphalique qui ne laisse passer quasiment rien jusqu’aux neurones du système nerveux central.»
Pour l’heure, d’une part, aucune preuve formelle et scientifiquement attestée n’a encore été donnée sur la présence du virus de la Covid-19 dans le cerveau et d’autre part, aucune démonstration scientifiquement testée n’a affirmé que le masque de protection puisse repousser le virus dans le cerveau.
Le masque joue au contraire le rôle de barrière qui protège et empêche le porteur de contaminer ou d’être contaminé par son entourage.
Il est donc inexact d’affirmer que le port de masque repousse le virus du nouveau Coronavirus dans le cerveau,