Le pissenlit ne traite pas le diabète mais peut aider à contrôler la glycémie

Il est, en effet, reconnu au pissenlit la capacité de diminuer le taux de sucre dans le sang (la glycémie). Mais, il ne peut pas guérir le diabète, puisqu’à ce jour, il s’agit d’une maladie incurable. La meilleure option pour la prise en charge de son diabète demeure de se référer à un spécialiste, et ce, même si on veut consommer le pissenlit pour y apporter une contribution. De plus, le laboratoire béninois URMAPHA, est dirigé par Docteur Dougnon Tamègnon Victorien et non Docteur Eric Agbodjento.
Un plant de pissenlit en fleurs

D’après un message partagé dans des groupes WhatsApp, le pissenlit serait un remède efficace contre le diabète. Le message en question est accompagné d’une image montrant quelques plants de ce légume et indique que ledit remède est une découverte du laboratoire de l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des substances naturelles (URMAPHA) de l’Université d’Abomey Calavi au Bénin, dirigé par Docteur Éric Agbodjento. (Capture d’écran ci-dessous)

Capture d’écran du message relayé dans un groupe WhatsApp

Le message cite comme source, la page 9 de la publication n°8140 du quotidien béninois, La Nation, paru le 15 Décembre 2022. Mais, d’après les recoupements, cette information n’est vraie qu’en partie.

Plusieurs supposés remèdes à base de plantes contre le diabète, l’hypertension artérielle et les troubles liés à la santé reproductive chez l’homme et la femme font florès sur les réseaux sociaux. Une recherche avec les mots clés montre que l’information portant sur ce remède contre le diabète avait été postée le 22 décembre 2022 sur la page Facebook Evodie Goke.

Diabète, pissenlit et études de l’URMAPHA au Bénin

Le diabète est une maladie chronique grave, selon l’OMS. Elle se déclare lorsque le pancréas ne produit pas assez d’insuline (hormone qui régule le taux de sucre dans le sang), ou lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. Mais, sous le nom générique de “diabète”, se trouve en réalité différentes formes de diabète, classés généralement en Type 1 et Type 2.   

Le pissenlit est une plante également connue sous le nom de “dent-de-lion”. Le pissenlit est consommé dans plusieurs régions d’Afrique et du monde comme légume, en sauce, salades ou parfois en infusion de ses racines et fleurs.

D’après Passeport Santé (ici), il « est riche en fer, calcium, manganèse, vitamines C et D, acide gras ou encore en antioxydants. Son usage en complément alimentaire est reconnu pour traiter le manque d’appétit, les troubles digestifs mineurs, mais aussi pour améliorer les fonctions hépatiques, urinaire et biliaire. En plus, il contribue à prévenir l’apparition de calculs rénaux ».

Les chercheurs de l’URMAPHA, qui est l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des substances naturelles de l’Université d’Abomey Calavi, ont effectivement fait des recherches sur les vertus du pissenlit dans la prise en charge du diabète en octobre 2018 (1). A l’issue de l’étude, réalisée sur des rats, ils ont conclu que le pissenlit peut diminuer le taux de glycémie chez les rats normaux et normaliser la glycémie au cours d’une hyperglycémie provoquée par voie orale. Les résultats de ladite étude ont été publiés sur Researchgate, une plateforme de réseautage et de collaboration entre scientifiques (ici).

En dehors de l’URMAPHA d’Abomey Calavi, d’autres chercheurs ont mené des études (ici, ici, ici) sur le pissenlit et ses vertus pour diminuer la glycémie. Et toutes ces études sont unanimes sur le potentiel de la plante à intervenir dans la prise en charge de certaines maladies, notamment le diabète de Type 2.

Ces capacités sont dues à l’acide chicorique et l’acide chlorogénique, deux composés bioactifs du pissenlit qui peuvent aider à réduire la glycémie. Mais, comme l’indique le fournisseur américain d’informations sur la santé, Healthline.com (ici), “Bien que ces résultats soient encourageants, des recherches supplémentaires sont nécessaires chez l’homme”

D’autre part, le pissenlit est contre-indiqué chez certaines personnes. Il s’agit, d’après les explications fournies par Vidal.fr (ici), des personnes qui souffrent de troubles du foie, d’occlusion ou de calculs des voies biliaires, d’obstruction intestinale ou d’ulcère du duodénum

Également, « les personnes qui souffrent d’insuffisance rénale ou de problèmes cardiaques doivent consulter leur médecin avant de prendre du pissenlit. Enfin, les personnes allergiques aux plantes de la famille des astéracées (camomille, marguerite, etc.) peuvent être allergiques au pissenlit », poursuit l’article.

L’URMAPHA n’est pas dirigé par Docteur Éric Agbodjento

D’après la publication partagée sur les réseaux sociaux, le laboratoire URMAPHA qui a fait la recherche, est dirigé par Docteur Éric Agbodjento. Mais, tel n’est pas le cas.

Joint par la rédaction de Togocheck et FGI-Bénin le 11 janvier 2023, le spécialiste de la santé, Docteur Éric Agbodjento nous fait savoir que cette étude existe réellement. Il appuie d’ailleurs ses propos en nous transférant le lien qui redirige vers la publication effectuée sur Researchgate (ndlr : mentionné plus haut). Et en visitant la page, on se rend compte que la recherche effectuée sur des rats, est bien l’œuvre des chercheurs de l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des substances naturelles (U.R.M.A.Pha).  Elle porte sur l’évaluation des propriétés biologiques de Launaea taraxacifolia, le pissenlit ou Gnantoto en fon (langue locale au Bénin), révélant que ce légume-feuille est non toxique et réduit de manière significative le taux de sucre dans le sang. (Capture d’écran ci-dessous)

Capture d’écran de la publication de l’étude sur Researchgate

Par ailleurs, le journal ‘’La Nation’’ ainsi que les références “N°8140 du 15 Décembre 2022, page 9” mentionnées dans la publication sont exactes. Mais, il n’a été écrit nulle part dans l’article que ce laboratoire est dirigé par Docteur Éric Agbodjento. Ce dernier a fait savoir à la rédaction de Togocheck et FGI-Benin qu’il ne dirige pas ledit laboratoire, mais qu’il est membre de URMAPHA. Il ajoute qu’il a juste présenté les résultats de l’étude lors d’une séance de vulgarisation des résultats de recherche. Selon ses précisions, le seul et unique directeur du laboratoire URMAPHA est Docteur Dougnon Tamègnon Victorien.

Pour Conclure

Il est, en effet, reconnu au pissenlit la capacité de diminuer le taux de sucre dans le sang (la glycémie). Mais, il ne peut pas guérir le diabète, puisqu’à ce jour, il s’agit d’une maladie incurable. La meilleure option pour la prise en charge de son diabète demeure de se référer à un spécialiste, et ce, même si on veut consommer le pissenlit pour y apporter une contribution. De plus, le laboratoire béninois URMAPHA, est dirigé par Docteur Dougnon Tamègnon Victorien et non Docteur Eric Agbodjento.

La publication faisant savoir que le pissenlit est un “excellent remède contre le diabète”, n’est donc pas vraie.



Article produit conjointement par Togocheck et FGI-Bénin, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre d’un projet de jumelage entre initiatives francophones dans la lutte contre la désinformation.

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