Sur les réseaux sociaux sont propagées des inquiétudes sur le métapneumovirus humain ou le HMPV, un virus responsable d’une épidémie de grippe ravageuse en Chine.
Dans une vidéo partagée en mina dans des groupes WhatsApp, une femme alerte sur l’arrivée prochaine de cette nouvelle grippe au Togo. Elle déclare qu’il s’agit d’un virus très dangereux , similaire à la Covid19 et qui cause d’énormes pertes en vies humaines.
D’autres publications indiquent que ce nouveau virus est un variant de la Covid19.
Plusieurs comptes Tik Tok ont diffusé les mêmes rumeurs sur ce virus depuis Janvier 2025.
Pourtant ces affirmations sont erronées et exagérées. Bien que le HMPV et la Covid 19 soient tous deux des maladies respiratoires contagieuses, le HMPV n’est pas un variant de la COVID19.
Vérification
D’après nos recoupements d’informations, le métapneumovirus humain (HMPV) n’est pas une infection respiratoire récente et n’a aucun lien avec le COVID19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rassuré l’opinion sur cette augmentation de cas d’infection de HMPV en Chine souvent constatée dans la saison hivernale. Les agents pathogènes à l’origine de ces infections sont connus et comprennent le virus de la grippe saisonnière, le VRS (virus respiratoire syncytial), le HMPV (métapneumovirus humain) et le SARS-CoV-2 (le virus qui cause le COVID-19).
Qu’est-ce que le HMPV ?
Le métapneumovirus humain (HMPV) est un virus qui provoque généralement des symptômes similaires à ceux d’un rhume notamment la toux, l’écoulement nasal. Les infections à HMPV sont plus fréquentes en hiver et au début du printemps. C’est ce que rapporte un article du site d’information sur la santé Cleveland Clinic en date du 20 juin 2023.
La plupart des cas sont bénins, mais les jeunes enfants, les adultes de plus de 65 ans et les personnes dont le système immunitaire est affaibli présentent un risque plus élevé de maladie grave. Le HMPV est courant : la plupart des personnes le contractent avant l’âge de 5 ans.
Selon les experts du Medscape, –(NDLR) Medscape, une plateforme pour les médecins et les professionnels de la santé du monde entier, offrant les dernières nouvelles médicales et les points de vue d’experts sur les médicaments et les maladies– le HMPV provoque souvent des infections des voies respiratoires supérieures, mais aussi parfois celles des voies respiratoires inférieures comme une pneumonie, des poussées d’asthme ou aggraver une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
La période d’incubation estimée est de 3 à 6 jours et la durée médiane de la maladie peut varier en fonction de la gravité, mais elle est similaire à celle d’autres infections respiratoires causées par des virus.
Le HMPV n’est pas un variant de la Covid 19
Selon les informations partagées par les internautes, le HMPV serait le nouveau COVID19 et ces évènements constatés dans les hôpitaux en Chine sont identiques à ceux vécus au temps de l’infection dûe au Coronavirus.
Or, le métapneumovirus humain a été découvert pour la première fois en 2001 par des virologues néerlandais. Ces derniers cherchaient à expliquer diverses infections respiratoires observées au fil des décennies, mais qui ne pouvaient être attribuées à aucun agent pathogène connu. En analysant des écouvillons nasaux prélevés sur 28 enfants ayant présenté de telles infections au cours des 20 dernières années, ils ont isolé un paramyxovirus jusqu’alors inconnu.
Ce qui différencie le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19 du métapneumovirus humain, est que ce dernier existe depuis des décennies et la plupart des gens possèdent une certaine immunité préexistante contre lui. C’ est ce qu’ a déclaré Docteur Andrew Catchpole, virologue et directeur scientifique chez hVIVO; c’est une organisation britannique spécialisée dans les essais cliniques sur les vaccins contre les maladies infectieuses et respiratoires.
Selon le Centre national d’information sur la biotechnologie aux Etats-Unis NCBI, le HMPV est un virus à ARN simple appartenant à la famille des Paramyxoviridae. Et d’après l’université des sciences de la santé, Baylor College of Medicine, le SARS-CoV-2 est un virus à ARN simple appartenant à la famille des Coronaviridae.
Le 14 janvier 2025, le site internet de l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation GAVI a publié un article sur le sujet. L’article évoque des rumeurs sur la fermeture d’écoles dans la ville chinoise de Wuhan. La reconnaissance par Pékin d’une augmentation des cas de métapneumovirus humain (MPVh), créant une inquiétude générale, a été aussi rapportée dans cet article.
Cependant, bien que certains fassent des parallèles avec les débuts de la COVID-19, le métapneumovirus humain n’est pas un nouveau virus et il est peu probable qu’il déclenche la prochaine pandémie; poursuit le même article.
« Bien que le MPVh mute et évolue avec le temps, avec l’émergence de nouvelles souches, ce n’est pas un virus que nous considérons comme ayant un potentiel pandémique » a expliqué le Dr Andrew Catchpole, virologue et directeur scientifique chez hVIVO, une organisation britannique spécialisée dans les essais cliniques sur les vaccins contre les maladies infectieuses et respiratoires.
En outre, « les pandémies surviennent lorsqu’un virus totalement nouveau pénètre dans la population humaine, comme pour le COVID-19, ou, dans le cas de la grippe, lorsqu’une variante complètement nouvelle du virus, issue d’une combinaison entre des versions humaines et animales, émerge depuis ce que l’on appelle le réservoir animal. Aucun réservoir animal de virus apparentés n’est connu pour le MPVh. » a ajouté le Dr Andrew Catchpole.
Par ailleurs, le métapneumovirus humain et la COVID-19 dans leurs formes les plus graves peuvent entraîner une hospitalisation. Mais contrairement à la COVID-19, il n’existe pas de traitement antiviral ni de vaccin pour traiter le HMPV. Le HMPV est un virus saisonnier, qui apparaît généralement en hiver et au printemps, contrairement à la COVID-19, qui peut parfois circuler toute l’année en raison du développement de nouveaux variants. C’est ce qu’on peut lire dans l’article consacré au HMPV sur le site de la société américaine d’information sur la santé WEBMD, en date du 17 décembre 2024.
Doit-on s’inquiéter du HMPV ?
Dans la rubrique Onu Info sur le site des Nations Unies, l’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a affirmé le 07 Janvier 2025 qu’il n’y avait pas lieu de s’alarmer face à la récente augmentation des cas de maladies respiratoires causés par le métapneumovirus humain (HMPV) en Chine.
D’après les informations communiquées par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (ou CDC chinois) dans son rapport du 2 janvier 2025 (couvrant les données jusqu’au 29 décembre 2024) et partagées lors des réunions entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités chinoises, il y a eu « une augmentation d’un certain nombre d’infections respiratoires courantes dans le pays, comme on peut s’y attendre pendant l’hiver ». Pour autant, les niveaux d’infections respiratoires signalés en Chine se situent « dans la fourchette habituelle pour la saison hivernale ».
Aussi les autorités chinoises rapportent que le système de santé n’est pas débordé et qu’aucune déclaration d’urgence ou réponse exceptionnelle n’a été déclenchée.
Il est à noter que la Chine dispose d’un système de surveillance sentinelle pour les syndromes grippaux et les infections respiratoires aiguës sévères.
Selon les données des CDC chinois (centre de contrôle des maladies), les agents pathogènes à l’origine de ces infections sont connus et comprennent le virus de la grippe saisonnière, le VRS (virus respiratoire syncytial), le HMPV (métapneumovirus humain) et le SARS-CoV-2 (le virus qui cause le COVID-19).
Parmi les agents pathogènes signalés par les CDC chinois, la grippe saisonnière est de loin la plus courante et elle est en augmentation. En fin décembre 2024, le taux de positivité des tests de dépistage de la grippe était supérieur à 30 % chez les personnes présentant des symptômes grippaux dans les services de consultation externe et les services d’urgence des sites sentinelles.
Selon l’OMS, Beijing signale que « le taux d’utilisation des hôpitaux est actuellement inférieur à celui de l’année dernière à la même époque et qu’aucune déclaration d’urgence n’a été faite et qu’aucune mesure n’a été prise ».
Au Togo, aucun cas du virus HMPV n’a été signalé à ce jour par les autorités sanitaires. “C’est une grippe saisonnière qui ne représente pas une menace,” a déclaré à notre rédaction le Directeur préfectoral de la santé du Golfe, Dr Koffi Ebenezer AGBETIAFA le 31 janvier 2025.
Comment prévenir le HMPV?
A ce jour, il n’existe aucun traitement antiviral spécifique pour traiter le HMPV, ni de vaccin pour le prévenir. Cependant les institutions sanitaires recommandent les mesures d’hygiène de base afin d’éviter toute contamination.
Le lavage régulier des mains avec de l’eau et du savon pendant au moins 20 secondes; éviter de toucher les yeux, le nez ou la bouche avec des mains non lavées. Éviter tout contact étroit avec les personnes malades.
Les patients qui présentent des symptômes de type rhume doivent se couvrir la bouche et le nez lorsqu’ils toussent ou éternuent; éviter de partager leurs tasses et leurs ustensiles de cuisine avec d’autres; s’abstenir d’embrasser les autres et rester à la maison quand ils sont malades.
De plus, le nettoyage des surfaces potentiellement contaminées (comme les poignées de porte et les jouets partagés) peut potentiellement aider à arrêter la propagation du HMPV.
Conclusion
En résumé, affirmer que le métapneumovirus humain ou le HMPV est un variant de la Covid19 n’est pas vrai. Ce virus n’est pas nouveau, il existait bien avant la découverte de la SARS-Cov2 en Chine.
