Aucune preuve que cette vidéo montre un enfant décédé après avoir ramassé une pièce de 100 F

Dans des groupes WhatsApp une vidéo suivie d’une note vocale en mina annonce qu’un enfant serait mort après avoir ramassé une pièce de 100 FCFA par terre sur le chemin d’école. Mais, d’après les recoupements de la rédaction de Togocheck et FGI-Bénin, il n’y a aucune preuve d’un lien entre les événements de cette vidéo et le récit relaté dans le message vocal.

Dans des groupes WhatsApp une vidéo suivie d’une note vocale en mina annonce qu’un enfant serait mort après avoir ramassé une pièce de 100 FCFA par terre sur le chemin d’école. Mais, d’après les recoupements de la rédaction de Togocheck et FGI-Bénin, il n’y a aucune preuve d’un lien entre les événements de cette vidéo et le récit relaté dans le message vocal.

Message vocal et vidéo

Il s’agit d’une vidéo montrant une cérémonie funéraire d’une fillette couchée dans un cercueil ouvert. Autour du cercueil, un groupe d’écoliers vêtus d’uniformes et d’autres personnes plus âgées font une procession. Aucun propos n’est tenu dans la vidéo. On peut juste entendre les cris ou les pleurs des personnes dans la salle. Vers la fin de la vidéo, on peut voir d’autres personnes assises sur des chaises, qui semblent être des membres de la famille de l’enfant décédé. Aucune indication dans la vidéo ne permet d’identifier à première vue le lieu ou encore les circonstances réelles de cette cérémonie funéraire.

Vidéo et message vocal relayés dans un groupe WhatsApp

Le message vocal associé à la vidéo dure 3 minutes 18 secondes. On y entend la voix d’une femme qui fait savoir qu’elle fait ce message en mina pour ceux qui ne comprennent pas le français. D’après la narratrice, la vidéo qui accompagne ce message vocal est celle des obsèques de l’enfant qui a ramassé la pièce de 100 F.

Dans son récit, la femme indique que, l’enfant que l’on voit dans le cercueil a ramassé une pièce de 100 f au sol en allant à l’école. Il dépense 50 F et remet les 50 F restants dans son sac. Arrivé en classe, l’enfant a de la peine à se débarrasser de son sac au dos qui est devenu très lourd. Il s’approche alors de l’instituteur pour se faire aider. Le maître en ouvrant le sac découvre qu’il est rempli d’argent. Raccompagné chez ses parents, malgré plusieurs tentatives l’élève rendit l’âme.

Une information liée au Cameroun

Une recherche d’image inversée avec Google, INVID et d’autres outils de vérification d’images sur une capture d’écran de cette vidéo n’ont donné aucun résultat. De plus, l’auteur du message vocal n’a donné aucune précision ni sur l’âge ou le sexe de l’enfant, ni sur le lieu où la scène s’est déroulée.

Toutefois d’autres recherches avec les mots clés dans Google ont mené à un article publié sur le site Camerounweb, le 17 novembre 2022. D’après l’article, illustré avec une capture d’écran de la vidéo, l’information est parvenue à la rédaction dudit media le jeudi 17 novembre 2022 et la scène s’est déroulée au Cameroun à Bonabéri. « (…) décès d’une petite fille dont l’erreur n’a été que de ramasser une pièce de 100 francs CFA par terre et d’avoir acheté des bonbons qu’elle a ensuite consommés », peut-on lire dans l’article.

La même information, parfois biaisée, a été également relayée à la même période sur Tik Tok. (ici, ici)

Déformation de la réalité, aucun enfant décédé !

La recherche de l’information auprès de sources fiables ou d’un communiqué officiel sur cette affaire n’a donné aucun résultat. Mais, deux médias en ligne camerounais, notamment Datacameroon et Griote.tv ont confronté les commentaires accompagnant la vidéo à la réalité sur le terrain. Ils sont parvenus à la conclusion que, même si une scène du genre s’est effectivement déroulée à l’École publique de Bonabéri au Cameroun, la réalité a été déformée et il n’y a aucun enfant mort.

S’étant rendus à l’École publique de Bonabéri, les rédacteurs de DataCameroon se sont rendus compte que l’uniforme des écoliers n’est pas le même que celui porté par ceux observés dans les vidéos. « Ici, les filles ne portent pas de salopette. Les écoliers ont pour uniforme un haut beige et un bas bleu nuit ; soit une jupe pour les filles et une culotte pour les garçons. (…) L’enseignante qui n’a pas souhaité être citée, dit qu’il s’agit d’une élève de la classe de CE2 du groupe 1, mais que l’histoire n’a rien à voir avec ce qui se raconte (…) Mon élève est en classe en ce moment, elle fait cours (…) je ne peux pas vous en dire plus, aller voir ma hiérarchie. », relate l’article de vérification de faits publié par DataCameroun (ici)

Avant de poursuivre : « À l’inspection d’arrondissement de l’éducation de base de Douala 4e, l’on affirme que les faits ne se sont pas passés comme relevés dans l’audio. “Si vous allez à l’école, vous verrez l’enfant. L’enfant a eu un malaise et est tombée à l’école. On a appelé ses parents qui l’ont ramené à la maison et le lendemain, elle est revenue à l’école (…) Elle n’est pas morte”, confie Floride Avele, inspecteur d’arrondissement de l’Education de base à Douala 4e. »

Griote.tv, après des démarches à l’école publique de Bonabéri, rapporte dans un article publié le 17 novembre 2022, que selon le directeur de ladite école, les faits relatés par les réseaux sociaux sont faux et que l’enfant est en classe. Mais, d’après les élèves du même établissement interrogés par la suite, la scène s’est effectivement déroulée, mais l’élève en question qui s’appelle  Mirabelle est toujours en vie.

D’une part, les recherches n’ont pas permis d’établir un lien avec le scène de l’enfant décédé figurant dans la vidéo et l’écolier ayant trouvé la pièce de 100 F sur le chemin de classe. D’autre part, aucun communiqué mentionnant cette scène n’a été publié nulle part, ni par l’école publique de Bonabéri, ni par les sources officielles du Cameroun représentant le Ministère de l’éducation de base au Cameroun.

Ce qui nous permet de conclure que la note vocale partagée sur WhatsApp est une intox, des affirmations non fondées, créées pour semer la panique, et qu’elle n’a aucun lien avec la vidéo qui l’accompagne.


Article produit conjointement par Togocheck et FGI-Bénin, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre d’un projet de jumelage entre initiatives francophones dans la lutte contre la désinformation.

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