Faux, cette brûlure à l’épaule de 7 élèves n’est pas causée par la vaccination contre le papillomavirus

La campagne de vaccination contre le papillomavirus humain suscite la prolifération d’informations trompeuses et erronées qui créent une vague d’inquiétude au sein des communautés, malgré les efforts déployés par les institutions sanitaires pour rassurer sur l’innocuité de ces vaccins.

Une note vocale sur fond d’image ( montrant une épaule marquée par une brûlure) d’une minute publiée le 7 décembre 2023 sur TikTok prétend que la vaccination contre le papillomavirus a causé une brûlure à l’épaule de 7 élèves du collège René Cassin en France. Selon la note vocale des élèves des classes de 5e et 6e, vaccinés contre l’infection à papillomavirus le 6 novembre dernier, ont présenté des épaules brûlées après la vaccination. La publication a été visionnée plus de 36000 fois à la date du 26 décembre 2023.

La même information a été reprise sur X remettant en question l’efficacité du vaccin contre le papillomavirus humain.

Pourtant, d’après les recoupements, cette brûlure à l’épaule de ces élèves n’a pas été causée par le vaccin, mais plutôt par une bombe de froid qui est un produit destiné à soulager la douleur. 

Les faits se sont déroulés le 6 novembre 2023 au collège René-Cassin où une campagne de vaccination contre les infections à papillomavirus a été proposée aux élèves des classes de 6e et de 5e, comme l’explique cet article du quotidien régional Midi Libre, en France (ici). Le vaccin étant annoncé douloureux, le médecin chargé de la vaccination a appliqué une bombe de froid sur la zone de la vaccination pour soulager les douleurs causées par la piqûre. « Ils ont été vaccinés par un médecin retraité envoyé par un institut montpelliérain. J’ai appliqué une crème apaisante sur la zone mais, le lendemain, le collège m’a téléphoné pour me demander de venir récupérer ma fille, car elle avait très mal. Je l’ai conduite dans une pharmacie où l’on nous a donné une crème cicatrisante », a confié au journal, Karine Montels, mère d’une élève brûlée à l’épaule.  Il ne s’agit donc pas d’une blessure causée par le vaccin, mais plutôt par la bombe de froid utilisée pour soulager les douleurs au point d’injection, comme le rapporte aussi le quotidien régional L’Indépendant en France. Il s’agit donc d’un incident qui n’a aucun lien de causalité avec le vaccin.

Un vaccin sûr

L’efficacité du vaccin contre le papillomavirus a été prouvée par plusieurs études dont celle publiée le 9 mai 2018 par la Collaboration Cochrane, un réseau d’experts indépendants. Selon les résultats de cette étude, la vaccination contre le papillomavirus permet de diminuer significativement les lésions précancéreuses associées au virus. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 26 études conduites dans de nombreux pays, sur plus de 73 000 femmes, âgées de 15 à 45 ans, avec un suivi de six mois à huit ans.

Le 5 juin 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France a relevé que les vaccins HPV induisent une réponse immunitaire en anticorps supérieure à celle observée après une infection naturelle guérie. Lors des essais cliniques ayant abouti à leur autorisation de mise sur le marché, l’efficacité des vaccins a été évaluée proche de 100 % pour prévenir des lésions précancéreuses du col de l’utérus et jusqu’à 90 % pour prévenir les infections à l’origine des cancers.

L’agence cite une étude suédoise publiée en 2020, qui a permis de suivre plus d’1,6 million de jeunes filles et femmes âgées de 10 à 30 ans entre 2006 et 2017, et qui a montré que, par rapport aux femmes non vaccinées contre HPV, le risque de cancer invasif du col de l’utérus est inférieur chez les jeunes femmes vaccinées (avec au moins une dose), avec une réduction plus marquée chez celles vaccinées avant l’âge de 17 ans.

En Australie premier pays à introduire un programme national de vaccination contre le Virus du papillome humain (VPH) en avril 2007, une étude sur l’impact du programme sur la prévalence de l’infection au VPH spécifique au génotype grâce à une enquête répétée auprès des femmes fréquentant les services cliniques a révélé que quatre ans après le lancement du programme, une diminution substantielle des génotypes ciblés par le vaccin est évidente et devrait, à terme, se traduire par une réduction des lésions liées au VPH.

Le 11 avril 2022 le site internet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) , déclare que la réunion du 4 au 7 avril du Groupe consultatif stratégique d’experts de l’OMS sur la vaccination (SAGE) a évalué les preuves apparues au cours des dernières années selon lesquelles les schémas à dose unique offrent une efficacité comparable à celle des schémas à deux ou trois doses.

« Le vaccin contre le VPH est très efficace pour la prévention des sérotypes 16 et 18 du VPH, responsables de 70 % des cancers du col de l’utérus », a déclaré Docteur Alejandro Cravioto, président du SAGE. « SAGE exhorte tous les pays à introduire les vaccins contre le VPH et à donner la priorité au rattrapage par cohortes multi-âges des cohortes de filles manquées et plus âgées. Ces recommandations permettront de vacciner davantage de filles et de femmes et ainsi d’éviter qu’elles soient atteintes du cancer du col de l’utérus et de toutes ses conséquences au cours de leur vie.» 

Introduction du vaccin dans la vaccination de routine au Togo

Au Togo, le vaccin contre le papillomavirus a été officiellement introduit dans le programme de vaccination de routine le 4 décembre 2023. L’objectif est de prévenir le cancer du col de l’utérus. Mais avant cette introduction, une campagne de vaccination pour le rattrapage des filles de 9 à 11 ans a été organisée du 27 novembre au 01 décembre 2023 sur toute l’étendue du territoire. 

Déjà, entre 2015 et 2017, le Togo a conduit une phase pilote de vaccination qui a permis de vacciner des filles de 09 à 14 ans, dans les districts sanitaires de Tchamba dans la région Centrale et du Golfe dans la région Maritime.

Docteur Salomon Haingan, spécialiste de système de santé au bureau pays de l’OMS et précédemment directeur de santé préfectorale à Tchamba, a rassuré sur l’efficacité du vaccin. « Les gens disent que ce vaccin va servir à stériliser les filles, c’est totalement faux. J’étais arrivé à Tchamba juste après la phase pilote de la vaccination en 2015, je n’ai reçu aucun cas référé pour effets indésirables graves après cette vaccination », a t-il déclaré. « Des filles vaccinées en 2015 ont mis au monde des bébés très bien portants depuis 2021. L’OMS et les partenaires sont là pour veiller au bien-être et à la santé de la population et non contribuer à leur porter préjudice », c’est ce qu’il a déclaré dans un article publié le 11 décembre 2023 sur le site internet de l’OMS Afrique. 

Le Togo a opté pour le vaccin Cervarix. « Cervarix est un vaccin efficace, avec peu d’effets indésirables. Et une seule dose suffit pour prévenir le cancer du col de l’utérus », assure Docteur Josée Nayo-Apetsianyi, directrice générale des Études, de la Planification et de l’Information sanitaire au ministère de la Santé, dans un article publié le 8 décembre 2023 par le site internet de l’Alliance du vaccin (Gavi).

Et, dans une précédente publication de Togocheck sur l’efficacité de ce vaccin, le médecin de santé publique, chef suivi-évaluation à la division de l’immunisation au ministère de la santé Docteur LOOKY DJOBO a rassuré sur l’efficacité des vaccins Cervarix  en précisant qu’ils ont été vérifiés, contrôlés avant d’être autorisés sur le territoire national. 

Pour conclure…

La campagne de vaccination contre le papillomavirus humain suscite la prolifération d’informations trompeuses et erronées qui créent une vague d’inquiétude au sein des communautés, malgré les efforts déployés par les institutions sanitaires pour rassurer sur l’innocuité de ces vaccins.

Cette vidéo partagée sur Tiktok selon laquelle ce vaccin a causé des brûlures à l’épaule de 7 élèves du collège Réné Cassin en France est fausse. Cette brûlure a été plutôt provoquée par la bombe de froid appliquée sur la zone de la vaccination pour soulager les douleurs causées par la piqûre.  

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