Les vaccins contre le cancer du col de l’utérus que le Togo utilisera en novembre 2023 sont sûrs 

Les informations de l’activiste Egountchi Béhanzin à propos du vaccin contre le cancer du col de l’utérus qui sera administré au Togo sont trompeuses et non fiables.

Au Togo, le ministère de la santé a annoncé la tenue, du 27 novembre au 1er décembre 2023, d’une campagne de vaccination des filles de 9 à 14 ans contre le virus du papillome humain. Ce dernier est responsable notamment du cancer du col de l’utérus.

Mais, avant le démarrage de cette campagne de vaccination, l’activiste Egountchi Behanzin, dans une vidéo mise en ligne sur TikTok, remet en cause l’efficacité et la qualité de ce vaccin. Et pourtant, ses affirmations partagées sur les réseaux sociaux ne sont pas fondées.

La vidéo et son auteur…

La vidéo, en noir-blanc, dure 5 minutes 05 secondes. Elle a été mise en ligne sur le réseau social Tik Tok avant d’être partagée dans un groupe sur WhatsApp. On y voit l’activiste Egountchi Behanzin, s’exprimer à la fois en mina et en français. 

Dans son monologue, ce dernier indique qu’il n’y a aucune preuve que les vaccins que compte utiliser le Togo dans le cadre de ce programme de vaccination contre le virus du papillome humain sont efficaces et de qualité. Aussi, il estime que le gouvernement togolais n’a pas fait de déclaration sur l’innocuité, ni publié des données sur les analyses faites sur ce vaccin. Aussi, a-t-il invité les populations à ne pas laisser vacciner leurs enfants.

Sur les réseaux sociaux, Egountchi Behanzin est bien connu pour ses vidéos dans lesquelles il partage ses prises de positions politiques et sociales. Il se présente comme un « activiste politique », un « combattant de la liberté » et un « révolutionnaire » en faveur du panafricanisme et de l’antiracisme. De son vrai nom Sylvain Afoua, il a fondé en 2017 la Ligue de défense de l’Afrique noire (LDNA) à travers laquelle il mène ses actions.

Mais, certaines de ses vidéos sont teintées de fausses affirmations et d’informations à caractère complotiste. Dans une précédente publication, Togocheck avait déjà démenti des propos qu’il avait tenus sur une présumée campagne de vaccination contre le paludisme lancée au Togo, qui était pourtant une intox. 

Papillomavirus et cancer du col de l’utérus : Quel lien ? 

D’après l’OMS, les Papillomavirus humains (PVH) ou virus du papillome humain (VPHs), sont la cause la plus courante d’infection virale des voies reproductives. Ils provoquent un large éventail d’affections, tant chez l’homme que chez la femme, notamment des lésions précancéreuses susceptibles d’évoluer vers un cancer. 

L’un de ces cancers est celui du col de l’utérus. Et d’après la Fondation contre le cancer, « plus de 99 % des cancers du col de l’utérus sont provoqués par une infection chronique par papillomavirus».

La fondation précise également que « seule une infection chronique par certains types de papillomavirus (principalement les types 16 et 18) peut causer un cancer du col de l’utérus, à très long terme.»

Le dépistage du cancer du col de l’utérus se fait à travers un examen appelé frottis vaginal. D’après l’OMS, « On estime qu’à l’échelle mondiale, 91% des cancers liés aux PVH chez les femmes en 2018 étaient des cancers du col de l’utérus (…) [et] le cancer du col de l’utérus était la quatrième cause de cancer et de décès par cancer chez les femmes en 2020.»

Vaccination contre le VPH au Togo

L’un des moyens pour prévenir le cancer du col de l’utérus est la vaccination des jeunes filles avant l’infection. Et même si la protection n’est pas effective à 100%, il est recommandé de vacciner les jeunes avant leur première expérience sexuelle. Raison d’ailleurs qui motive la tranche d’âge de 9 à 14 ans ciblée par la campagne de vaccination et son inscription dans le programme de vaccination de routine dans de nombreux pays. 

Sur son site internet, l’assurance maladie en France ameli.fr renseigne que la vaccination contre les papillomavirus humains permet de prévenir les infections par les papillomavirus les plus fréquents, responsables, chez la femme, de 70 à 90 % des cancers du col de l’utérus.

Vue d’une dose du vaccin contre le VPH dans son emballage, Source : Apothercare

D’après le médecin de santé publique et Chef section suivi-évaluation à la division de l’immunisation au Ministère de la Santé au Togo, Docteur Looky Djobo, « Les Papillomavirus Humains (HPV) contenus dans le vaccin (HPV de types 16 et 18) sont responsables d’environ 70% des cas de cancer du col de l’utérus, 90% des cas du cancer de l’anus, 70% des lésions précancéreuses de la vulve et du vagin liées à l’HPV et 78% des lésions précancéreuses de l’anus liées à l’HPV.»

« A l’échelle mondiale, il s’agit d’un fardeau car c’est le 4e cancer le plus fréquent chez les femmes. Au Togo, c’est le 3e cancer en termes d’incidence (19,1 cas/100 000), toute forme confondue et des 2 sexes après celui de la prostate et du sein, d’après des données de 2020 fournies par Globocan. Il est le 2e cancer de la femme (15,7%) après le cancer du sein», a-t-il souligné.

En 2023, le ministère de la santé et de l’accès universel aux soins, avait annoncé l’introduction de ce vaccin, depuis juillet 2023. Ceci, lors de la réunion annuelle des directeurs du Programme élargi de vaccination (PEV) des pays de l’Afrique de l’Ouest qui s’est tenue le 11 juillet 2023 à Lomé (ici, ici, ici).

Des propos infondés de l’activiste…

Nous avons montré la vidéo de l’activiste au Docteur Looky Djobo. Et selon lui, ces  affirmations ne sont pas vérifiées. D’après le médecin de santé publique, le vaccin que le Togo veut utiliser est « le HPC Cervarix, fabriqué par GlaxoSmithKline Biologicals SA [basé à] Wavre en Belgique ». L’OMS a certifié ce vaccin depuis 2009 comme sûr et a recommandé que les pays puissent l’introduire dans leur programme élargi de vaccination. 

« Les vaccins n’arrivent pas au Togo comme ça. Nous avons une autorité nationale de réglementation pharmaceutique qui doit donner son accord avant que le vaccin puisse arriver au pays. Et c’est ce que nous appelons autorisation d’importation du vaccin. Nous avons eu cette autorisation ; pour dire que tout est réglementé ; tout est surveillé, tout est vérifié avant que les vaccins n’arrivent au Togo.», a-t-il déclaré en sus. 

Également interrogé par la rédaction de Togocheck et Niger Verif, le conseiller en communication au ministère de la santé, Kaledjora Banassim a déclaré que les lots de vaccins reçus par le Togo sont sûrs et ne doivent pas faire objet de doute. 

Abondant dans le même sens que le Docteur Looky Djobo, le conseiller en communication a affirmé que « le vaccin contre le papillomavirus humain est déjà introduit dans 26 pays d’Afrique comme le Burkina Faso, la Côte d ‘Ivoire ou encore le Nigeria et ce depuis 2021.»

Aussi, d’après l’administrateur du programme élargi de vaccination au bureau de l’OMS au Togo, Docteur Dadja LANDOH, contrairement à ce qu’affirme l’auteur de la vidéo, ces vaccins ont été achetés par le gouvernement togolais et ne constituent pas des dons. Il précise  par ailleurs que le Groupe Technique Consultatif pour la vaccination du Togo a recommandé au gouvernement d’introduire le vaccin contre le papillomavirus humain  dans le pays.

Il faut noter que la vaccination contre le VPH que le Togo compte lancer en novembre 2023 n’est pas la première du genre. Déjà en 2015, du 02 au 06 novembre puis en 2016, du 09 au 13 mai, deux doses du vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) avaient été administrées aux filles de 10 ans dans les districts du Golfe et de Tchamba et plus tard en juin 2017, selon le ministère de la santé et l’OMS (ici).

Pour conclure…

Les informations de l’activiste Egountchi Béhanzin à propos du vaccin contre le cancer du col de l’utérus qui sera administré au Togo sont trompeuses et non fiables. En déconseillant aux parents de faire vacciner leurs jeunes filles, il les fait ainsi exposer à des risques d’une maladie qui peut être évitée.

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