Au Togo, environ 900 cas de cancer de sein ont été enregistrés en 2020 et ont provoqué 450 décès, d’après le président de la Ligue Togolaise contre le Cancer (LTC), Stéphane Awity dont les propos ont été rapportés par le site internet togolais republicoftogo. Seul un dépistage précoce permet de trouver une formule permettant de soigner la maladie à un coût supportable.
Dans le cadre de ce combat, tout au long du mois d’octobre, des initiatives se multiplient pour sensibiliser la population, notamment les femmes et jeunes filles. Objectif, promouvoir le dépistage précoce et l’autopalpation des seins entre autres. Sur les réseaux sociaux, et notamment dans les groupes WhatsApp, circule une rumeur selon laquelle le port du soutien-gorge, accessoire couramment utilisé par la gent féminine, serait une cause du cancer de seins.
Une hypothèse scientifique controversée
La rumeur selon laquelle les soutiens gorges seraient une cause de cancer de seins chez les femmes n’est pas récente. D’après une hypothèse émise dans le livre « Dressed to Kill » publié en 1995 par Sydney Singer de l’Institut pour l’Étude des Maladies culturogénétiques et Soma Grismaijer, le soutien-gorge gênerait la circulation lymphatique et engendrerait une accumulation de toxines et de déchets dans le tissu mammaire. Cette accumulation favoriserait l’apparition d’un cancer du sein.
D’après les auteurs du livre, leur étude réalisée sur près de 4 600 femmes et dont la moitié avait un cancer du sein révèle que le risque de cancer du sein est 125 fois plus élevé chez les femmes qui portent leur soutien-gorge 24 heures sur 24 que chez celles qui n’en portent jamais et 113 fois plus élevé que chez celles qui le portent moins de 12 heures par jour.
Des diaporamas (1, 2) publiés sur Slideshare.net, un site internet de partage de présentations et d’autres contenus professionnels, présentent les soutiens gorges comme dangereux, représentant « un problème social dans notre société, un business très lucratif pour l’industrie textile, mais qui n’a aucune nécessité médicale. »
Mais, il s’agit d’une hypothèse non approuvée au sein de la communauté des chercheurs et réfutée par plusieurs autres études scientifiques récentes. Et les scientifiques soutiennent unanimement qu’aucune preuve ne permet d’affirmer que le port des soutiens gorges favorise le cancer du sein.
Aucune preuve que le port de soutien-gorge cause le cancer
« Il n’existe aucune preuve scientifique sérieuse démontrant un lien entre le port d’un soutien-gorge à armature – ou tout autre type de soutien-gorge – et le cancer du sein. », indique la société canadienne de cancer sur son site internet que nous avons consulté. Faisant ressortir les facteurs de risque de cancer du sein réfutés ou controversés, la Société Américaine de Cancer indique que « Des rumeurs sur Internet et par e-mail et au moins un livre suggèrent que les soutiens gorges causent le cancer du sein en obstruant le flux lymphatique. Il n’y a aucune bonne base scientifique ou clinique pour cette affirmation (…) »
Une étude (1) menée auprès de plus de 1 500 femmes ménopausées et publiée en octobre 2014 s’est penchée sur la question, en prenant en compte la présence de différents facteurs de risque pour effectuer les comparaisons.
D’après les conclusions de ladite étude, « Aucun aspect du port du soutien-gorge, y compris la taille du bonnet du soutien-gorge, la récence, le nombre moyen d’heures par jour porté, le port d’un soutien-gorge avec une armature ou l’âge auquel il a commencé a être régulièrement porté, n’a été associé à des risques de CID ou de CIL. Nos résultats n’ont pas soutenu une association entre le port de soutien-gorge et un risque accru de cancer du sein chez les femmes ménopausées. » (Ndlr : Les sigles CID et CIL désignent respectivement Carcinome canalaire invasif (infiltrant) et Carcinome lobulaire invasif qui sont des formes de cancers du sein.)
Il faut noter que le développement d’un cancer de sein est plus lié à des facteurs de risque. Et il en existe plusieurs comme l’âge, les hormones, notamment l’œstrogène qui est une hormone féminine, la densité du sein, l’inactivité physique, l’exposition à des rayonnement ionisants, l’alcoolisme et le tabagisme etc. De même, le cancer du sein affecte également la population des hommes à raison de moins d’1% de tous les cas cancers.
En clair, selon les données disponibles et les études scientifiques menées à ce jour, le port de soutien-gorge ne constitue pas un facteur de risque conduisant au développement d’un cancer de sein.