Non : les vaccins à ARN messager ne modifient pas l’ADN des personnes vaccinées

Illustration : Vaccin à ARN messager

Différents types de vaccins ont été mis au point dans la lutte contre la Covid-19. Mais des informations tentent de faire croire que ces vaccins sont une menace pour l’homme voire l’humanité. C’est le cas des vaccins dits à ARN messager (ARNm). Il s’agit de vaccins d’un nouveau type, dont le principe diffère de celui des vaccins connus à ce jour.

Les vaccins à ARNm : une menace pour le génome humain selon cette vidéo

Selon une vidéo très partagée sur les réseaux sociaux, notamment WhatsApp, avec la mention « OUVRE TES YEUX » (capture d’écran ci-dessous), ce type de vaccin intervient dans l’ADN et va modifier génétiquement les personnes vaccinées. Cette information est bien fausse.

Video originale dans sa version allemande partagée sur les réseaux sociaux (Capture d’écran)

Selon les auteurs de cette vidéo de 06 minutes 25 secondes, il ne faut pas se laisser vacciner ; un vaccin basé sur la manipulation génétique ne mettra nullement fin à une pandémie mais il pourrait déclencher une catastrophe humaine dramatique. Pour étayer leurs propos, les auteurs de la vidéo se basent sur des arguments de deux scientifiques allemands : le Docteur Wolfgang Wodarg, médecin et ancien homme politique, membre du Parti social-démocrate d’Allemagne et le Professeur Stefan Hockertz, un immunologue et toxicologue allemand.

Ces deux scientifiques sont connus en Allemagne pour leurs critiques envers le système politique, médical pharmaceutique ou encore la gestion de la pandémie, notamment en Allemagne. Wolfgang Wodarg est connu en Allemagne pour ses prises de position et ses avis surtout dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Le Professeur Stefan Hockertz s’est fait connaître d’un large public au printemps 2020 grâce à sa critique de la gestion médicale et politique du coronavirus. Il a estimé pour sa part que la réaction politique contre la pandémie était disproportionnée, autoritaire, opiniâtre et excessive.

Togocheck a retrouvé la vidéo originale titrée « Appel urgent à la vigilance : la vaccination anti-coronavirus intervient dans l’ADN ! ». Elle a été mise en ligne le mercredi 27 août 2020 sur le site internet kla.tv. Il s’agit d’une plateforme suisse qui publie régulièrement des contenus similaires sur des théories du complot entre autres. La vidéo en question totalisait au 13 avril 2021, 1.654.552 vues sur le site. Ce média prétend être une “salle de fitness mental” pour entraîner  la population à se forger son opinion sur les sujets de la société et que les médias cachent délibérément.

Vaccin à ARNm et modification de l’ADN : c’est faux !

Plusieurs types de vaccins reposant sur des technologies différentes ont été développés par différentes entreprises afin d’arriver à bout du coronavirus. Tandis que certains sont bien connus et utilisés depuis longtemps, d’autres le sont moins. C’est le cas du vaccin reposant sur le principe de l’ARN messager.

Capture d’écran : Différents types de vaccins, principes, avantages et inconvénients
Source : OMS

Le ministère de la santé, de l’hygiène publique et de l’accès universel aux soins, dans une note d’information en prélude à la campagne de vaccination contre la Covid-19 au Togo, indique que le vaccin à ARN messager est un vaccin avec du matériel génétique qui va produire une protéine de l’agent infectieux dans le corps. C’est le cas des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.

Le magazine Futura-Sciences précise que « Le candidat vaccin de Pfizer/BioNTech comme celui de Moderna sont des vaccins à ARN. Ils reposent sur l’injection d’un ARN messager codant pour la protéine Spike présente à la surface du coronavirus SARS-CoV-2. Cette protéine constitue la « clé » permettant au virus de s’accrocher aux cellules, puis d’y pénétrer et de les infecter. Ce choix d’un vaccin à ARN plutôt que d’un vaccin à ADN a été fait pour que la protéine Spike puisse être produite directement dans le cytoplasme des cellules de la personne vaccinée, sans passer par le noyau. »,

Capture d’écran : Principe de fonctionnement des vaccins à ADN et à ARN messager
Source : OMS

Docteur Kokou Mawulé DAVI, chargé du programme prévention et contrôle des maladies au bureau de l’OMS au Togo, contacté par Togocheck a catégoriquement réfuté les informations contenues dans la vidéo en question. Il a indiqué que les nouveaux types de vaccins utilisent l’ARN messager pour la fabrication des anticorps et qu’Ils ne touchent pas à notre matériel génétique autrement dit notre ADN.

Docteur Agbetiafa Vovolite Ebenezer également interrogé sur la question lors de l’émission FactShow, organisée par Togocheck le 4 avril 2021 a aussi réfuté cette information.

Comprendre la différence entre ADN et ARN

Dans la cellule, l’ARN est produit par transcription à partir de l’ADN. De, plus, l’ADN est situé dans le noyau chez les eucaryotes (comme l’homme). Alors que l’ARN, une fois produite dans le noyau se retrouve dans le cytoplasme de la cellule et elle est utilisé. L’ARN est donc une copie d’une région de l’un des brins de l’ADN. Cette copie est par contre peu stable contrairement à l’ADN lui-même. 

Les cellules eucaryotes (celles de tous les êtres vivants exception faite des bactéries et des archébactéries) contiennent un noyau qui renferme leur ADN, molécule support des gènes. Pour fabriquer une protéine, son gène est copié en ARN dans le noyau. L’ARN passe ensuite dans le cytoplasme où il servira de « guide d’assemblage ». 

Ce processus est expliqué dans une vidéo mise au point par l’INSERM en France.

L’ARN du vaccin ne peut pas modifier l’ADN

Bruno Pitard, directeur de recherches CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et chercheur au centre de recherche en immunologie Nantes-Angers a indiqué sur le site franceculture.fr que : “L’ARN messager utilisé pour la vaccination n’a pas pour objectif d’aller dans le noyau. Seul le cytoplasme est nécessaire à son fonctionnement. Dans une cellule, il y a plusieurs compartiments, il y a une grande membrane extracellulaire. Après, à l’intérieur, il y a différents organites. Et puis, au centre, il y a un noyau qui contient toutes les molécules d’ADN. Les molécules d’ADN sont là pour conduire à la production de certaines protéines nécessaires au fonctionnement de la cellule. Les ARN messagers sont localisés dans un autre endroit. Ils ne sont pas localisés dans le noyau. “

Odile Launay, membre du comité scientifique “vaccin Covid-19” en France expliquait à BFM-TV que, les vaccins à ARN utilisent bien l’information génétique, mais ils se basent sur une molécule – l’ARN messager- qui disparaît rapidement et ne peut pas modifier spontanément le génome du patient, composé d’ADN. Aussi, poursuit-elle, « l’ARN messager injecté a une durée de vie limitée. “Nous avons tous les éléments pour dire que cet ARN messager se dégrade rapidement, il faut d’ailleurs le conserver à -70 degrés, et qu’il n’a aucune capacité à entrer dans le noyau d’une cellule”,

Vaccins à ADN et à ARNm : Une technologie depuis longtemps à l’étude

Ce n’est pas la première fois que la communauté scientifique découvre les vaccins à ADN et à ARN. Mais, c’est la première fois qu’elles sont réellement utilisées pour mettre au point un vaccin approuvé par les autorités sanitaires mondiales. Benoit Barbeau, virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, cité par le média canadien ici.rado-canada, indique que « Oui, c’est la première fois qu’on utilise ce type de vaccin pour un virus ou un agent infectieux, mais ça fait depuis les années 90 qu’il y a énormément de littérature et d’études qui ont été faites pour démontrer ses effets bénéfiques »

Quatre vaccins à ADN avaient déjà reçu les autorisations réglementaires nécessaires à leur exploitation chez l’animal, renseigne le site internet, The Conversation dans un article. Ils sont utilisés par exemple pour protéger les saumons d’élevage contre la nécrose hématopoïétique infectieuse et contre une maladie du pancréas, les poulets contre la grippe aviaire, ou pour soigner les chiens atteints d’un mélanome buccal.

Aucune donnée ou étude scientifique ne prouve à ce jour que les vaccins contre la Covid-19 dits à ARN messager peuvent intervenir dans l’ADN et modifier le génome humain. Cette information est fausse.

Le vaccin à ARNmessager, Comirnaty des laboratoires Pfizer/BioNTech, est le 1er vaccin à obtenir l’homologation d’urgence de l’OMS, le 31 décembre 2020. Selon le communiqué de l’OMS, « Des experts de la réglementation du monde entier, réunis par l’OMS, et les équipes de l’Organisation ont examiné les données sur l’innocuité, l’efficacité et la qualité du vaccin de Pfizer/BioNTech dans le cadre d’une analyse bénéfices-risques. Il est ressorti de cet examen que le vaccin répondait aux critères d’innocuité et d’efficacité indispensables établis par l’OMS, et que les avantages de l’utilisation du vaccin pour faire face à la COVID-19 l’emportaient sur les risques potentiels.»

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