Vrai, le Niger a établi de nouvelles conditions de séjour pour les étrangers

L’information selon laquelle le Niger a introduit de nouvelles conditions de séjour aux étrangers est avérée.

Une vidéo publiée sur Tiktok le 19 janvier 2025 prétend que le Niger ferme ses portes aux étrangers sans titres et documents de voyage ou de séjour. Dans la vidéo l’auteur du nom de @Héritier Bateke affirme entre autre que : “le Niger change ses conditions d’entrée et de séjour des étrangers notamment des occidentaux; ceux ci sont maintenant soumis à une carte de séjour… Qu’est ce que vous en pensez de cette Afrique qui se lève?” 

Capture écran de la publication sur Tiktok

La publication totalise 1099 mentions j’aime, 163 commentaires, 154 enrégistrements et 137 partages à la date du 09 Février 2025.

D’après les recherches de Togocheck, cette information est vraie. Le Niger a effectivement introduit de nouvelles conditions pour contrôler l’entrée et le séjour des étrangers sur son territoire.

Recherches

La rédaction de Togocheck a contacté l’auteur de la publication sur Tiktok le 21 janvier 2025 sans succès. 

Une recherche avec des mots clés sur google nous a permis de retrouver plusieurs publications qui confirment que de nouvelles mesures encadrent désormais l’entrée et le séjour des étrangers au Niger. 

capture écran de l’article du site Afrikinfos

En effet, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger, présidé par le général de brigade Abdourahmane Tiani, a adopté le 13 janvier 2025 une ordonnance concernant les étrangers dans le pays. Ladite ordonnance vise à renforcer les règles d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers. Ces nouvelles règles font partie des réformes en cours, dans le but de garantir la sécurité nationale et réguler les activités économiques. 

L’information a été diffusée le 13 janvier 2025 dans un communiqué de la présidence à la télévision publique. Ces changements visent à renforcer la sécurité intérieure et à lutter contre l’immigration clandestine, dans un contexte marqué par des tensions politiques et des défis sécuritaires importants.

capture écran youtube de la télévision du niger

Les nouvelles exigences pour les étrangers 

D’après un article de TRT AFRIKA datant du 14 Janvier 2025, le communiqué précise qu’“aux termes de cette ordonnance, l’entrée ou le séjour d’un étranger au Niger est conditionnée par la détention de titres et documents de voyage ou de séjour; tout contrevenant aux dispositions de cette ordonnance peut se voir appliquer les mesures administratives d’expulsion, de refoulement, de rétention administrative, de rapatriement ou de reconduite à la frontière, avec des sanctions pénales envisagées”

En d’autres termes, les étrangers doivent désormais présenter des documents de voyage en règle, tels qu’un visa ou un permis de séjour. De même, les citoyens des pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) doivent prouver leur statut pour bénéficier de la libre circulation. Et en cas de sanction d’infraction, les étrangers en situation irrégulière risquent des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 5 ans, des amendes pouvant atteindre 50 millions de francs CFA. Aussi, les Nigériens hébergeant des étrangers en situation irrégulière s’exposent également à des sanctions. C’est ce qu’on peut lire sur le site du Journal du Niger dans un article en date du 13 Janvier 2025. 

Les autorités nigériennes justifient ces mesures par des préoccupations sécuritaires, notamment pour prévenir les infiltrations de groupes armés et stabiliser le pays dans un contexte de tensions régionales. 

Ces mesures entrent dans la droite ligne des décisions prises par les pays de l’ AES. 

La dynamique des décisions de l’AES

A la création de l’Alliance des Etats du Sahel en septembre 2023 par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, l’objectif était de redéfinir la lutte contre le terrorisme et de remodeler les équilibres régionaux. Ce nouveau regroupement veut œuvrer à la sécurisation, à la promotion de l’indépendance économique et à l’intégrité de l’espace. Plusieurs décisions ont été prises et mises en œuvre depuis Septembre 2024. Togocheck dans une de ces publications avait évoqué certaines des annonces faites par le Colonel Assimi Goita à l’occasion de la célébration de l’An 1 de la création de l’AES. Il s’agit de la mise en circulation du passeport biométrique de l’AES, le lancement d’une chaîne de l’information de l’AES et d’une Banque d’investissement et d’un Fonds de stabilisation en cours de création. 

C’est dans la mise en œuvre de ces décisions que le 29 Janvier 2025, le Président du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, a fait son enrôlement biométrique et a reçu son passeport de la Confédération des États du Sahel (AES). Ce passeport est entré en vigueur à la même date. C’est ce qu’on peut lire dans un article du site d’information Burkina24 publié le 30 Janvier 2025 accompagnée d’une vidéo reportage  sur sa page YouTube. 

Capture écran de l’article du site Burkina24

Cette mise en circulation du passeport de l’AES, document commun aux Etats membres, marque une nouvelle étape pour la Confédération. C’est également le premier anniversaire du retrait effectif des trois pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Les pays de l’AES ne sont officiellement plus membres de la CEDEAO

Le 29 janvier 2025, la CEDEAO a sorti un communiqué de presse portant sur le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO avec effet immédiat le même jour. Cependant, la CEDEAO affirme « maintenir ses portes ouvertes au dialogue ». 

Communiqué de la CEDEAO

Plusieurs médias ont publié des articles évoquant la sortie officielle des pays de l’AES de la CEDEAO. Les publications rapportent que l’organisation sous-régionale a invité ses membres à veiller au respect de certaines mesures. Parmi ces mesures, la reconnaissance « jusqu’à nouvel ordre des passeports et cartes d’identité nationaux portant le logo de la Cédéao détenus par les citoyens du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger». Ceci dans l’esprit de la solidarité régionale et dans l’intérêt supérieur des populations; conformément à la décision de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Le communiqué de la CEDEAO conclut que “Ces dispositions restent en vigueur jusqu’à l’adoption par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, des modalités complètes des relations futures avec les trois pays”.

Par ailleurs, de nombreuses questions essentielles restent à régler, notamment les formalités de retrait. A cet effet, les chefs de la diplomatie du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont retrouvés le 26 janvier 2025 à Ouagadougou pour définir les formalités de leur séparation d’avec la CEDEAO. Les trois pays privilégient une « approche globale » des négociations, s’inscrivant dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel. Lors de cette rencontre, les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont affiché leur détermination à mener à bien leur retrait de la CEDEAO, dans les meilleurs délais.

Les chefs d’Etat de l’AES

Somme toute…

Le Niger a effectivement introduit de nouvelles conditions pour encadrer l’entrée et le séjour des étrangers sur son territoire. Lesdites mesures sont motivées par des préoccupations sécuritaires qui reflètent la volonté des autorités de répondre aux défis migratoires et sécuritaires auxquels le pays est confronté.

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