Des preuves que les ustensiles de cuisine en plastique sont nocifs

D’après les observations faites via des expériences sur des souris, les ustensiles de cuisine en plastique, lorsqu’ils sont en contact avec les aliments chauds peuvent libérer des substances néfastes pour la santé. Par précaution, il est donc conseillé aux consommateurs
Illustration / Ustensiles de cuisine en plastique

L’usage de spatules, louches, écumoires, assiettes etc., faits de matières plastiques s’est répandu depuis quelques années dans plusieurs ménages, notamment ceux aux revenus moyens. Et pourtant, d’après une vidéo partagée sur WhatsApp, ces ustensiles de cuisine présentent un risque pour la santé.

Le narrateur dans la vidéo qui dure 1 minute 23 secondes, indique que cette alerte a été émise par l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BFR). Il explique que selon ledit institut, certains ustensiles de cuisine en plastique notamment les spatules et les lunch box en plastique au contact de la nourriture chaude, libèrent des oligomères, des composés chimiques nocifs pour l’homme.

« Attention aux ustensiles de cuisine, Une simple spatule en plastique peut devenir un danger mortel pour votre santé. Dès qu’elle entre en contact avec un plat chaud, l’ustensile en plastique libère des oligomères, des composés chimiques nocifs pour l’homme. Selon l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques BFR, ces substances contaminent les aliments et, une fois ingérées, pourraient entraîner des maladies au niveau du foie et des problèmes de thyroïde. », indique la vidéo. 

Et de conclure « Pour limiter la propagation des oligomères, le BFR souligne l’importance de réduire le temps de contact entre les ustensiles en plastique et les aliments. Il recommande également de privilégier les matériaux tels que le bois ou l’acier pour cuisiner afin de diminuer les risques pour la santé, en gardant à l’esprit les dangers potentiels liés à l’utilisation de certains ustensiles de cuisine. »

Oligomères, polyamides, plastiques et BFR : ce qu’on en sait

Généralement employé en biochimie, le terme «oligomère» selon le dictionnaire Larousse désigne un « composé dont la formule comporte, pour chaque espèce d’atome, des indices qui sont de petits multiples (2 à 10 fois), des indices les plus petits possibles ».

Le terme «polyamide» retrouvé à plusieurs reprises dans la vidéo désigne quant à lui un polymère contenant des fonctions amide issues de la polycondensation entre des acides carboxylique et des amines (ici). On les retrouve à l’état naturel dans les produits comme la laine ou la soie ainsi qu’à l’état synthétique (fabriqué en usine par l’Homme) dans le Nylon ou le Kevlar (la matière des contre balles).

D’après nos recoupements (ici, ici), « oligomère» est un terme technique qui désigne une famille de substances chimiques intervenant dans la conception et la fabrication de plusieurs types de matières plastiques et leurs dérivés. Ils interviennent dans la fabrication des produits courants comme des lubrifiants, les peintures et vernis, les adhésifs et produits de recouvrement.

L’Institut fédéral pour l’évaluation des risques (en allemand, Bundesinstitut für Risikobewertung / BfR), se présente sur son site internet comme une « institution scientifique de la République fédérale d’Allemagne qui prépare des rapports et des déclarations sur les questions de sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux ainsi que sur la sécurité des produits chimiques et des produits.»

« Institution scientifiquement indépendante » œuvrant « sous la tutelle du Ministère fédéral de l’alimentation et de l’agriculture (BMEL) [,] elle conseille le gouvernement fédéral et les États fédéraux sur les questions de sécurité alimentaire, chimique et des produits », lit-on dans ce communiqué de presse

Un avis crédible ?  

Afin de déterminer si cette alerte émane réellement du BfR, nous avons fait une recherche avec les mots clés sur Google. Et nous avons retrouvé ledit avis dans un document de 17 pages titré en anglais « Polyamide Kitchen Utensils : Keep contact with hot food as brief as possible » (en français : Ustensiles de cuisine en polyamide : Gardez le contact avec les aliments chauds le plus bref possible), publié 17 septembre 2019.

« Cuillères, spatules ou fouets : les ustensiles de cuisine en polyamide (PA) apportent une aide précieuse en pâtisserie, rôtissage et cuisson. Cependant, des composants de ce plastique peuvent migrer des ustensiles vers les aliments et donc être ingérés par les consommateurs. Ces composants sont des oligomères. Ils sont composés de quelques molécules similaires de simples éléments de base en plastique constitués de produits chimiques de départ spécifiques. », lit-on dans les premières lignes du document portant la référence : BfR Opinion No. 036/2019 du 17 septembre 2019.

Selon l’avis, la recherche menée sur des souris a porté sur l’utilisation d’ustensiles de cuisine à base d’oligomères de deux polymères, le PA 6 et le PA 6,6, qui sont principalement utilisés dans la production d’ustensiles de cuisine tels que les cuillères à soupe, les fouets et les spatules.

Ainsi, ces ustensiles au contact des aliments chauds libèrent ces polyamides qui à fortes doses, ont des effets néfastes sur la santé au niveau du foie et de la glande thyroïde. Toutefois, l’Institut précise dans son avis qu’il y a un manque de données expérimentales sur les effets toxiques de ces oligomères sur la santé de l’homme.

La recherche a également permis de déboucher sur des articles publiés sur différents médias dédiés à la santé, notamment en France (ici, ici, ici, ici, ici).

Et tout comme l’institut allemand BfR, le ministère de l’économie et des finances en France a publié sur son site internet, une liste de quelques Matériaux au Contact Des Aliments (MCDA) contenant des polymères et mets en garde contre la possibilité que les substances chimiques qui entrent dans leur composition migrent dans les aliments.

D’après la publication qui se fonde sur une enquête menée en 2019 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), « Ces matériaux sont constitués de polymères, auxquels sont ajoutés des additifs utilisés pour conférer des propriétés (conservation, plastification…) au produit fini.

Ces constituants sont susceptibles de migrer des articles en matières plastiques vers les denrées alimentaires. De plus, des produits de dégradation peuvent se former lors de la fabrication des articles (chauffage à température élevée, mise en forme…), lors d’étapes ultérieures (traitements chimiques, thermoformage…), ou lors de la mise en contact avec les aliments (remplissage à chaud, stérilisation…), et migrer dans l’aliment ce qui peut présenter un risque pour la santé des consommateurs. »

Les explications fournies par le technicien supérieur en Chimie Analytique, Mines et Environnement à Lomé au Togo, Tefe Kwasi NUAKE, vont dans le même sens. « Le danger de ces ustensiles n’est pas que dans le plastique en lui-même, mais également dans l’additif utilisé pour le fabriquer. Plus le contenant est longtemps exposé à la chaleur, plus les risques sont grands que des radicaux nocifs ou les additifs utilisés pour les fabriquer se libèrent dans nos aliments Pour certains plastiques, des microparticules peuvent se disperser même quand elles ne sont pas soumises à la chaleur », explique-t-il. 

Comme alternative aux ustensiles en dérivés de plastiques, plusieurs sources recommandent entre autres La céramique et La fonte naturelle, qui, toutefois, ont également leurs défauts. « Si vous ne pouvez utiliser que des matières plastiques, transvasez le plus tôt possible les produits dans des contenants en matière inerte comme le verre. Et surtout, ne jamais chauffer du plastique, quel qu’il soit. », recommande Monsieur NUAKE.

Pour conclure…

D’après les observations faites via des expériences sur des souris, les ustensiles de cuisine en plastique, lorsqu’ils sont en contact avec les aliments chauds peuvent libérer des substances néfastes pour la santé. Par précaution, il est donc conseillé aux consommateurs de réduire le temps de contact entre leurs aliments et ces types d’ustensiles.


Article produit conjointement par Togocheck et NigerVerif, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre d’un projet de jumelage entre initiatives francophones dans la lutte contre la désinformation.

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