FAUX ! Le produit Cipremi / Remdesivir n’est pas un vaccin contre la COVID-19 destiné à l’Afrique

Image d’illustration, flacons de Remdesivir

Une vidéo de 3 minutes 48 secondes devenue virale sur les réseaux sociaux indique que le produit Cipremi (Remdesivir), est un vaccin contre la COVID-19, dangereux, qui n’est distribué qu’en Afrique dans le but de décimer le peuple africain. L’auteur de la vidéo invite à un boycott de la vaccination.

Les images montrent, la boîte de “Cipremi”, sur laquelle il est écrit “Remdesivir pour injection”. L’emballage comporte à son dos, la mention : “A utiliser uniquement dans les pays ci-dessous”, suivie d’une longue liste de pays africains dont le Togo. Sur une face de la boîte, est écrit “NON DISTRIBUABLE AUX ÉTATS-UNIS, AU CANADA OU DANS L’UE”. Ce qui amène certains utilisateurs de médias sociaux à dire que c’est « un vaccin dangereux, qui n’est distribué qu’en Afrique ». C’est Faux !

La plus ancienne publication de l’image (ci-dessus) et retrouvée par Togocheck remonte au 02 septembre 2020. Le compte twitter GPAN (Global Pan-Africanism Network) comptant 7092 abonnés a rendu public ce montage photo tout en indiquant que l’Afrique doit se réveiller. Cela a suscité 75 retweets, 07 tweets cités et 80 j’aime.(1, 2)

À propos du Remdesivir 

Remdesivir (GS-5734), est un produit développé par le laboratoire pharmaceutique américain, Gilead Sciences Inc. Il a été conçu originellement pour le traitement de l’infection à virus Ebola. Ce médicament s’est toutefois révélé moins efficace que d’autres lors des essais cliniques. Or, comme le Remdesivir possédait de l’activité antivirale contre de nombreux virus à ARN, il a été recyclé dans l’espoir de combattre le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la maladie au nouveau coronavirus 2019 (COVID-19).

Au Canada, Santé Canada (ndlr : un ministère du gouvernement du Canada qui est responsable d’aider les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé), a approuvé le médicament antiviral Remdesivir en août 2020. Il est vendu sous le nom Veklury, pour être utilisé chez les adultes et les adolescents de 12 ans avec un poids corporel minimal de 40 kg, qui présentent les symptômes graves de la COVID-19.

Aux États-Unis, Remdesivir est approuvé par la Food and Drug Administration (USFDA), le 22 octobre 2020 selon l’Autorisation d’Utilisation d’Urgence (EUA) uniquement pour le traitement, des patients adultes et pédiatriques hospitalisés pour une infection à Covid-19, suspectée ou confirmée en laboratoire.

Dans l’Union Européenne, Remdesivir est le premier médicament à obtenir une autorisation de mise sur le marché sous la marque Veklury pour le traitement de la Covid-19. Une autorisation qui a été donnée par l’Agence Européenne du Médicament et délivrée le 3 juillet 2020.

À propos de CIPREMI

L’auteur de la vidéo qui circule sur internet fait toujours mention dans ses propos du nom “CIPREMI”, indiqué sur la boîte du médicament. Mais il s’agit du nom de la version générique du même médicament, Remdesivir fabriqué par le laboratoire indien Cipla suite à un accord de licence avec Gilead.

En effet, plusieurs laboratoires ont conclu des accords de licence avec Gilead Sciences, Inc. pour la fabrication et la distribution du « Remdesivir » contre la COVID-19 dans les zones comme l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Ces produits portent des noms différents notamment Jubi-R du fabricant Jubliant Generics, Covifor du fabricant Hetero Healthcare, Remdesivir EvaPharma en Egypte ou encore CIPREMI du fabricant indien Cipla Ltd.

“CIPREMI est indiqué pour le traitement de la maladie à virus corona 2019 suspectée ou confirmée en laboratoire (COVID-19) chez les adultes et les enfants hospitalisés pour une maladie grave”, renseigne Cipla sur son site internet, dans une notice descriptive sur le médicament.

Le produit CIPREMI en question dans la vidéo n’est donc pas un vaccin mais un médicament. La notice précise que “Le remdesivir pour injection, 100 mg, est une poudre lyophilisée stérile et sans agent de conservation qui doit être reconstituée avec 19 ml d’eau stérile pour injection et diluée dans une poche pour perfusion de chlorure de sodium à 0,9% avant administration par perfusion intraveineuse.”, 

Pourquoi la mention « Pas pour distribution en Amérique, Canada ou en Europe » ?

Des recherches effectuées par Togocheck, la boîte de Cipremi n’est pas la première qui porte cette mention qui est légale et en conformité avec les règles du commerce général. Une autre image du même produit retrouvée sur le site web du fabricant, Cipla, porte la mention : « Pour une utilisation en Inde, pas pour l’exportation ».

Boîte de Cipremi
Source: Ciplamed.com 

En effet, la mention « Pas pour distribution en Amérique, Canada ou en Europe » vise simplement à désigner les territoires où le fabricant du produit n’est pas autorisé à exporter ce produit.

Selon les explications d’un porte-parole de la société Hetero Healthcare, données à l’AFP (qui a également publié un article sur le sujet), la mention “Pas de distribution aux États-Unis, Canada et Europe” a été apposée “en conformité avec la clause anti-détournement mais également pour protéger le produit contre les pratiques de marché noir”. Il a également précisé que “C’est une obligation générale de mettre ces mentions sur le produit”.

Remdesivir n’est pas en circulation au Togo !

Invité dans l’émission Fact Show du 1er avril 2021 initiée par Togocheck, le Président de l’ordre national des pharmaciens du Togo, Docteur Innocent Kpeto a indiqué que « Le Remdesivir n’est plus du tout recommandé et il n’est pas un vaccin et encore moins un produit en circulation. Il n’a jamais été autorisé, notamment chez nous ici au Togo. Il n’y a donc pas de Remdesivir en circulation dans notre pays. »

Des spécialistes du ministère de la santé et de l’hygiène publique, ont clairement affirmé à Togocheck que ce médicament n’est pas disponible au Togo et ne figure pas dans le protocole national de prise en charge de la Covid-19 au Togo.

Remdesivir, un remède déconseillé par l’OMS

L’OMS, dans un avis publié le 20 novembre 2020, a déconseillé l’utilisation du Remdesivir fabriqué par le laboratoire Gilead pour le traitement des patients atteints de la Covid-19. 

Selon l’OMS, « Le médicament antiviral Remdesivir n’est pas suggéré pour les patients admis à l’hôpital avec la Covid-19, quelle que soit la gravité de leur maladie. Car il n’y a actuellement pas de preuve qu’il améliore la survie ni qu’il ne permette d’éviter d’être placé sous ventilation artificielle ». 

« Le Remdesivir n’a pas d’effet significatif sur la mortalité ou sur d’autres résultats importants pour les patients, tels que la nécessité d’une ventilation mécanique ou le délai d’amélioration clinique », poursuit l’OMS

Cette recommandation de l’OMS fait suite à l’essai clinique “Solidarity” dont les résultats provisoires ont été publiés le 15 octobre 2020 et qui a permis d’évaluer l’efficacité de quatre (4) traitements : Remdesivir, hydroxychloroquine, lopinavir/ritonavir et interféron. Et selon l’OMS, ces derniers « n’avaient que peu ou pas d’effet sur la mortalité globale, la mise en route de la ventilation et la durée du séjour à l’hôpital chez les malades hospitalisés.»

Remdesivir ou encore Cipremi n’est donc pas un vaccin uniquement destiné à l’Afrique comme tente de le faire croire l’auteur de la vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux. Docteur Awoussi Sossinou, intervenant dans l’émission FactShow du 1er avril 2021 organisée par Togocheck concluait qu’il s’agit plutôt « (…) d’un médicament dont le but est de tenter de guérir les patients infectés de COVID-19. » 

De plus même si Remdesivir n’est plus approuvé par l’OMS depuis les conclusions de l’essai Solidarity, ce médicament a été distribué à la fois en Afrique sous une déclinaison générique, notamment CIPREMI et en dehors de l’Afrique, aux États-Unis, en Europe et au Canada sous le nom VEKLURY.

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