La 3e dose d’un vaccin contre la Covid-19 n’équivaut pas à une surdose 

Capture d’écran de la vidéo publiée sur Tik Tok

Les campagnes de vaccination contre la Covid-19 ont démarré dans le monde depuis plus d’un an déjà. Après les deux doses préalablement recommandées, dans plusieurs pays, l’heure est aux doses de rappel, notamment la 3e dose. Mais la campagne de vaccination ne bénéficie pas de l’assentiment de tous, et ce, même dans le rang des acteurs de la santé eux-mêmes.

Dans ce contexte, une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, tente de faire croire que prendre une deuxième, voire une troisième dose du vaccin contre la Covid-19 équivaut à une surdose.

L’auteur de l’information et ses propos

L’information émane d’une vidéo TikTok de 02 min 59 min publiée par l’internaute @michauxbosaay516. « 1 dose+2+3…= Surdose Un médecin témoigne », peut-on lire dès le début de la vidéo. On y voit un homme vêtu d’une blouse blanche, affirmer entre autres slogans “une dose, deux doses, thrombose”, “une deux trois quatre cinq doses, overdose”. Il précise qu’en toxicologie, c’est la dose qui fait le poison et ceux qui prônent la répétition de ces doses sont des criminels et des empoisonneurs.

En se basant sur le commentaire sur fond noir, « Internautes Soyez prêts pour le DOCTOTHON » (Capture d’écran 1) qui apparaît sur le fond de la vidéo, Togocheck a fait une recherche avec le mot clé « DOCTOTHON » afin de connaître l‘origine exacte de la vidéo en question.

Capture d’écran réalisée sur la plateforme Odyssée

En effet, il s’agit de la vidéo de l’intervention du médecin français, Pascal Trotta aux côtés de Cécile Maïchak lors d’un événement dénommé « DOCTOTHON ». Les vidéos de l’évènement qui s’est déroulé en ligne sont publiées sur plusieurs plateformes en ligne comme Twitch, Rumble, Facebook, Odyssée, Crowdbunker. Les liens des vidéos publiées sont répertoriés (ici), sur le site internet de l’évènement.

A propos du concept « Doctothon », Belgian Alternative Media (BAM), un média belge a interviewé l’organisatrice et animatrice de l’émission, Cécile Maïchak. « Une citoyenne belge, habitant en France, (…) organise un “marathon de docteurs”, intitulé le Doctothon. Pendant 24h00 non-stop, en live, du vendredi 10 au samedi 11 décembre, plus de 300 docteurs vont s’exprimer pour éclairer cette période si sombre. », renseigne l’article (ici).

Sur la plateforme de streaming Odyssee.com, (ici), la vidéo a été publiée par le compte @YellowFlagsInfos le 11 décembre 2021, la vidéo cumule en 41 jours, plus de 15.000 vues. L’intervention du Docteur Pascal Trotta, nommée « Témoignage » commence à partir de 59 min 58 sec et prend fin à 1h 03 min 46 sec.

Le constat qui ressort en visionnant la vidéo du Doctothon, est que la plupart des médecins et intervenants reçus sont souvent cités par plusieurs médias comme membres de la sphère complotiste et antivaccins. C’est le cas du Docteur Pascal Trotta, dont les propos sont relayés sur les réseaux via cette vidéo. 

Qui est Docteur Pascal Trotta ?

Sur son site internet, dr-trotta.fr, Pascal Trotta se présente comme « ancien interne des Hôpitaux de Paris, radiologue, homéopathe, nutritionniste et acupuncteur auriculaire. » Il se décrit également comme le praticien d’une « médecine moderne : Préventive, Personnalisée, Participative et Prédictive, la Médecine des 4 P préconisée par le Pr Montagnier, Prix Nobel de Médecine en 2008. Docteur Pascal Trotta vend également « Les packs du Laboratoire Nutritional Dr Trotta », des compléments alimentaires à travers son site internet pour le traitement de plusieurs maladies.

Les activités médicales du Docteur Trotta ne sont pas remises en cause. Mais, ses prises de position depuis le début de la pandémie de la Covid-19 laissent perplexes. En effet, Pascal Trotta est un militant contre les mesures sanitaires prises dans la lutte contre la Covid-19. Il a montré son opposition aux masques chirurgicaux qu’il a traité de « muselières ».

Il est l’auteur d’affirmations qui vérifiées par les organismes de factchecking se sont révélées fausses. C’est le cas de son affirmation selon laquelle « (…) il ne faut jamais vacciner en période d’épidémie (…) », et de plusieurs autres démontées par AFP Factuel (ici).         

Les propos du Docteur Trotta sont donc à prendre avec précaution, surtout lorsqu’il affirme qu’une 3e dose de vaccin équivaudrait à une surdose.

Notion de surdose et de surdose en vaccination

La surdose (overdose en anglais), est un terme utilisé spécifiquement dans les cas d’intoxications aigües ou mortelles causées par l’ingestion ou l’injection d’un produit stupéfiant ou d’un médicament psychotrope. On parle par exemple d’overdose à la cocaïne ou à l’héroïne. Le terme « surdosage » est défini par Larousse comme « dose ou dosage excessif de quelque chose. » ou encore « Prise d’une quantité excessive d’un médicament pouvant entraîner des effets toxiques. »

D’après les recherches effectuées par Togocheck, le surdosage dans le cadre de la vaccination concerne le fait d’administrer une quantité de vaccin supérieure à la dose recommandée en une fois. Cette surdose ne concerne pas les doses de rappel encore appelées « Boost », contrairement à ce que fait croire Docteur Trotta.

Le fait de prendre des doses de rappel n’entraîne pas un surdosage en vaccin. Le vaccin, c’est pour mettre en alerte le système immunitaire. Il n’y a aucun risque que le vaccin injecté, soit stocké quelque part dans le corps, pour qu’à l’injection d’une dose de rappel cela entraine une surdose.

Docteur Prisca Talboussouma, Responsable du centre de santé d’Amoutivé et personne ressource sur la Covid-19

Et pour ce qu’il en est des cas de surdose vaccinale, d’après les spécialistes, il n’y a aucune crainte à avoir. Robert Sebbag, infectiologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, indique au journal français, Le Figaro que « il faut respecter les doses prescrites, (…) Mais la présence de beaucoup plus d’anticorps n’est pas gravissime ou risquée. »

Benjamin Davido, infectiologue et directeur médical référent Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) en France rassure également quant aux conséquences de l’administration d’une dose supérieure de vaccin, notamment chez un enfant. « La dose prescrite chez les 5-11 ans est la dose minimale qui garantit une efficacité. Cela n’a pas de sens de vacciner un enfant avec une dose adulte, parce qu’on dépense trois fois plus de produit alors que ce n’est pas nécessaire. En revanche, ce n’est pas absolument pas un drame, puisque cela n’a aucun effet indésirable ».

Pour ce qui en est des effets secondaires, selon l’infectiologue, ce surdosage devrait produire « les effets habituels chez les adultes comme chez les enfants : de la température et des courbatures ». Pour prévenir ces effets, Robert Sebbag conseille, comme lors des vaccinations classiques, «la prise de Doliprane pendant 24 ou 48 heures, et les choses devraient rentrer dans l’ordre ».

Risque de surdose après la 3e dose : Non avéré

Vidal.fr, le site internet d’information sur les produits de santé, dans un article publié le 23 septembre 2021, faisant part d’une étude publiée par le New England Journal of Medicine, (ici), indique que « après l’administration d’une 3e dose (D3) de COMIRNATY, les taux d’anticorps neutralisants dirigés contre le variant historique (D614G), le variant Bêta (« sud-africain ») et une chimère de D614G recombiné avec la protéine S du variant Delta. Comparée à celle obtenue un mois après la D2, l’activité neutralisante du sérum des patients a été, un mois après la D3 : multipliée par 5 (18-55 ans) à 7 (65-85 ans) contre D614G ; par 15 (18-55 ans) à 20 (65-85 ans) contre Bêta ; par 5 (18-55 ans) à 12 (65-85) contre la chimère Delta. Les effets indésirables survenus après la D3 ont été similaires à ceux constatés après la D2. »

Toujours selon Vidal.fr, les recommandations du Comité consultatif de la FDA  aux USA et de la Haute Autorité de Santé en France sont en ligne avec ces conclusions, en mettant en avant les bénéfices de la 3e dose chez les personnes pour lesquelles toute infection par le SARS-CoV-2 est à risque plus élevé de forme sévère, même si l’efficacité des 2 premières doses contre ces formes semble préservée au-delà de 6 mois post-D2. Mais, aucune donnée liée à une surdose après administration d’une dose de rappel, notamment la 3e dose n’a été rapportée.

A la question de savoir s’il n’y a pas de risque de surcharge immunitaire avec une 3e dose, Professeur Elisabeth Botelho-Nevers, Chef de service Infectiologie au CHU de Saint-Etienne en France, répond au magazine sante.journaldesfemmes.fr, répond par la négative : « Non, il n’y a pas de danger à faire une dose de rappel. Rebooster son immunité n’est pas gênant. Soit, vous avez encore des anticorps et vous serez d’autant mieux protégé contre une réinfection. Soit votre taux est un peu bas ou vos anticorps ne sont pas efficaces et ce boost va vous protéger (…) Il n’y aura pas “d’explosion” d’anticorps. », explique l’infectiologue.

Docteur Prisca Talboussouma, responsable du centre de santé d’Amoutivé et personne ressource sur la Covid-19, explique à Togocheck que « En matière de vaccin on ne parle pas de surdose mais plutôt de ‘’doses de rappel des vaccins’’. Vu le contexte de la vaccination on nous recommande d’aller prendre des doses de rappel. Pour ceux qui ont pris des vaccins à 2 doses, il est recommandé de prendre une 3e dose. Et pour ceux qui ont pris un vaccin à 1 dose (Janssen), il est recommandé de prendre une 2e dose. Mais, il faut une certaine période allant de 2 à 6 mois entre les différentes doses selon le genre de vaccins reçu. »

« Les doses de rappel sont juste pour renforcer l’immunité grâce aux anticorps. Dans le cadre de la covid, il est remarqué que généralement au bout de 6 mois, le nombre d’anticorps qui est produit lors de l’administration du vaccin diminue. En ce moment, il faut le renforcer par l’administration d’une dose de rappel afin de permettre aux gens de lutter contre les différentes mutations du virus que nous voyons actuellement. Le fait de prendre des doses de rappel n’entraîne pas un surdosage en vaccin. Le vaccin, c’est pour mettre en alerte le système immunitaire. (…) Il n’y a aucun risque que le vaccin injecté, soit stocké quelque part dans le corps, pour qu’à l’injection d’une dose de rappel cela entraine une surdose. Ce n’est pas scientifiquement possible. (…) », rassure Docteur Talbousssouma.

En conclusion,

Dans le cadre de la pandémie actuelle, des études ont montré l’efficacité des doses de rappel du vaccin contre la Covid-19. Une raison qui a motivé la recommandation de la 3e dose de vaccin dans plusieurs pays, dont le Togo. Aucune donnée scientifique ne montre qu’on s’expose à un surdosage du vaccin en allant se faire administrer une dose de rappel dans le respect des délais impartis entre les différentes doses. De plus, Docteur Pascal Trotta n’a soutenu les affirmations qu’il a faites dans cette vidéo d’aucune source médicale fiable ou étude médicale avérée.

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