Découvert en 1981, le VIH est une maladie complexe dont les notions essentielles peuvent être comprises par tous. Le Virus de l’immunodéficience humaine est l’agent pathogène qui provoque une infection chronique évoluant vers le Sida, en l’absence de traitement antirétroviral (ARV). Il s’agit d’un rétrovirus (un virus à ARN) de la famille des lentivirus, qui provoquent des maladies à évolution lente.
Le VIH cible notamment les lymphocytes CD4, qui sont des cellules essentielles de notre système immunitaire.
Il entraîne une infection chronique pouvant aboutir, en l’absence de traitement antirétroviral, à une immunodépression caractérisée baptisée « Sida ».
Ce virus, d’une très grande variabilité génétique, est connu sous deux types : le VIH-1, identifié en 1983 et le VIH-2, identifié en 1986, tous deux à l’Institut Pasteur et dérivant de SIV (Virus de l’immunodéficience simienne), virus existant chez le singe. Le VIH-2, moins virulent, est surtout fréquent en Afrique occidentale et en Asie du Sud.
Le traitement du VIH/Sida se fait grâce à la prise des médicaments antirétroviraux, qui ont pour rôle d’empêcher le virus de se répliquer dans l’organisme. Mais ces traitements ne guérissent pas totalement la maladie.
C’est dans ce contexte qu’au cours des dernières années, on remarque sur les réseaux sociaux de prétendus remèdes traditionnels dont les auteurs clament l’efficacité contre le VIH/Sida. La rédaction de Togocheck a fait le point :
Les modes de transmission
Il existe trois modes de transmission du VIH : la voie sexuelle lors de rapports vaginaux, buccaux ou anaux non protégés ; la voie sanguine, lorsqu’il y a échange de sang et de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, on estimait à 39 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH ( PVVIH) en 2022, dont plus des deux tiers (25,6 millions) en Afrique et 630 000 personnes sont mortes de causes liées au VIH et 1,3 million de personnes ont contracté le VIH.
La situation au Togo
D’après le Conseil national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles CNLS-IST, le Togo compte 110 000 personnes vivant avec le VIH dont 86 000 sont sous traitement. Le traitement est gratuit et se fait par trithérapie.
Selon le plan stratégique national de lutte contre le VIH et SIDA 2021-2025 au Togo, en 2019, 69 776 personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviraux (TAR) ont été enregistrées. Aussi, une réduction remarquable du taux de nouvelles infections de 3 757 en 2010 à 1 328 en 2023 a été rapportée dans le rapport selon une hypothèse de nouvelles infections. De même, on enregistre une réduction sensible de 33,8% de décès liée au SIDA entre 2010 et 2018.
De 2010 à 2022, la maladie a connu une régression au Togo. Les décès liés au virus sont passés à 64%, tandis que les nouvelles infections ont baissé de 65%. Le taux de prévalence quant à lui a reculé de 4% en 2000 à 1,8%. En 2022, 57 000 personnes ont été dépistées et environ 87 000 personnes vivant avec le virus ont bénéficié des traitements antirétroviraux.
Selon le CNLS-IST, dans son rapport annuel des activités de lutte contre le VIH et le Sida, publié fin 2023, 86 687 PVVIH étaient sous traitement antirétroviral, soit un taux de couverture thérapeutique de 81 %.
Toujours selon le CNLS-IST, le nombre de PVVIH inscrites dans les structures de prise en charge s’élève à 86 880. 65 172 PVVIH sous traitement ont eu accès à la charge virale, soit un taux de couverture de 75 % des personnes sous traitements antirétroviraux. 90 % des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et qui sont sous traitements antirétroviraux (TAR) ayant accès à ce diagnostic ont vu leur charge virale supprimée ; et, 98,44 % des malades co-infectés tuberculose et VIH ont été mis sous traitement ARV et antituberculeux.
Dans son rapport, le CNLS souligne que le Togo ambitionne d’atteindre l’objectif “ 95-95-95” c’est-à-dire 95 % de personnes vivant avec le VIH devant connaître leur statut, 95 % bénéficiant d’ARV avec 95% ayant une charge virale supprimée. Par rapport à cet objectif, le bilan actuel fait état de 81.2 % des PVVIH connaissant leur statut VIH ; 99,9 % de ceux qui connaissent leur statut sérologique étaient sous ARV et 90 % des PVVIH sous ARV avaient la charge virale supprimée.
Dans la population sexuellement active de 15-49 ans, la prévalence du VIH mesurée lors de l’Enquête démographique et de santé (EDST III 2013-14) était de 2,5%. Cette prévalence est deux fois plus élevée chez la femme (3.1%) que chez l’homme (1.7%). En ce qui concerne les jeunes de 15-19 ans, elle est deux fois plus élevée chez la jeune fille (0.4%) que chez le jeune garçon (0.1%), soit une prévalence de 0,5%.
Au niveau des régions et des milieux de résidence, le profil épidémiologique spatial du VIH au Togo est marqué par des disparités. Le rapport annuel du CNLS-IST relève que la prévalence du VIH est plus élevée dans les régions méridionales (Lomé 3.4% ; région maritime : 3%) que les régions septentrionales (Kara : 1.8%, Savanes : 0.3%). De fait, l’infection du VIH est dix fois plus élevée dans le Grand Lomé et dans la région Maritime que dans la région des Savanes. Aussi, l’épidémie du VIH est deux fois plus élevée en milieu urbain (3.5%) qu’en milieu rural (1.5%).
Depuis 2010, on remarque une baisse importante des nouvelles infections au VIH. Elles sont passées de 6 900 en 2010 à 2 400 en 2022 auprès de tout âge confondu. Les décès liés au Sida sont passés de 6 900 en 2010 à 2 400 en 2022, soit une diminution de 63% entre 2010 et 2022 chez toutes les PVVIH. Chez les enfants de 0-14 ans, cette régression est de 42%.
Le CNLS explique cette baisse de mortalité par l’extension des services de prise en charge sur toute l’étendue du territoire avec des sites de délégation de tâches, la gratuité des ARV depuis 2008, la mise en œuvre de la stratégie de Test And Treat chez toutes les PVVIH, l’augmentation des budgets pour le suivi global des PVVIH, le passage à échelle des stratégies novatrices : dépistage communautaire, dispensation multi mois, dispensation communautaire, l’introduction de Dolutégravir, le passage à échelle du suivi virologique des patients avec un délai de rendu des résultats relativement courts.
Quid des remèdes traditionnels ?
Ces dernières années, bon nombre de pseudo docteurs ou guérisseurs traditionnels dans différents pays ont annoncé la découverte de remèdes (ici, ici , ici et ici) pouvant guérir le Sida. Certains proposent des traitements naturels à base de plantes contre la maladie. D’après le site Plante pour guérir qui publie des contenus sur les remèdes traditionnels contre les maladies, il existe un traitement à base de plantes qui détruit définitivement le virus du SIDA. Le remède aurait déjà guéri plus de 10 000 personnes mais comme toutes les autres publications, aucun élément de preuve n’ a été avancé par le site en question pour soutenir l’information.
Mais toutes ces affirmations sont rejetées par des spécialistes de la santé et institutions sanitaires (ici et ici).
Pas de traitement pour éliminer définitivement le VIH
Il n’existe pas encore de traitement qui élimine complètement le VIH de l’organisme humain. Les traitements actuellement utilisés permettent aux personnes séropositives de bloquer la multiplication du VIH, et ainsi de garder un système immunitaire opérationnel. Ils sont appelés trithérapies, car ils combinent en une seule prise médicamenteuse les actions de trois inhibiteurs de la multiplication virale, indiquent plusieurs sources consultées par notre rédaction (ici, ici et ici).
L’efficacité de ces remèdes traditionnels n’a pas encore été prouvée scientifiquement. Le traitement du virus reste complexe. “ Pour ce qui est des remèdes traditionnels, nous sommes en face d’une épidémie de type virale appelée VIH et c’est un virus qui présente plusieurs variants d’où la complexité de son traitement. Actuellement des études sont en cours pour faire les tests chez les tradithérapeutes pour évaluer leurs remèdes et déterminer leur efficacité face au VIH. Et sur quel type de VIH ? VIH 1 ou VIH 2 et le mode d’action”, explique le médecin chargé du programme VIH-Tuberculose – Hépatites virales au bureau de l’OMS au Togo, Docteur Laconi Yéba Kaaga interrogée par notre rédaction.
Selon la spécialiste, aucun remède traditionnel curatif n’existe à ce jour. Mais des avancées importantes sont enregistrées au niveau de la médecine conventionnelle “ Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il y a un remède traditionnel curatif à ce jour sauf réserve des tests en cours. Mais en ce qui concerne la médecine conventionnelle, les avancées sont assez importantes avec l’introduction de nouvelles molécules aussi efficaces sur tous les virus du VIH permettant d’obtenir une efficacité thérapeutique avec une suppression de la charge virale au VIH, une stabilité clinique et un équilibre immunologique”, ajoute Dr Kaaga. Par ailleurs, elle exhorte la population à faire le dépistage pour connaître son statut sérologique.
Aussi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur son site internet, souligne (ici) qu’il n’existe pas de moyen de guérir l’infection à VIH. Elle est traitée à l’aide de médicaments antirétroviraux, qui empêchent le virus de se répliquer dans l’organisme.
À l’heure actuelle, le TAR ne guérit pas de l’infection à VIH, mais permet au système immunitaire de la personne infectée de se renforcer, leur permettant ainsi de combattre d’autres infections ; c’est ce que précise l’institution dans sa rubrique d’informations dédiée à l’épidémie en date du 13 juillet 2023.
Le TAR est un traitement à vie qui doit être pris tous les jours. Il réduit la quantité de virus dans l’organisme, ce qui met fin aux symptômes et permet aux personnes touchées de vivre une vie pleine et saine. Les personnes vivant avec le VIH qui sont sous TAR et qui ne présentent aucun signe du virus dans le sang ne transmettront pas le virus à leurs partenaires sexuels.
En conclusion
Les infections au VIH/Sida continuent de régresser dans le monde. Au Togo, des dispositions sont prises pour renforcer la lutte contre le virus. Mais pour l’heure, aucun remède n’a été découvert pour guérir définitivement la maladie. Des recherches se poursuivent pour parvenir à l’éradication totale du virus. Par ailleurs, le partage massif de ces remèdes miracles qui ne sont soutenus d’aucune preuve contribuent aussi à la désinformation sur le VIH-SIDA.