À en croire un article publié en mars 2020 sur le site internet de l’agence de presse chinoise Xinhuanet, «Il est conseillé aux femmes allaitantes diagnostiquées de nouveau coronavirus de ne pas allaiter leurs nourrissons ».
Les propos relatés par ce média sont issus d’une intervention en conférence de presse de Zhao Yangyu, obstétricienne à l’Hôpital N°3 de Beijing, (Université de Pékin/Chine).
D’après Madame Zhao Yangyu, « Selon les données disponibles actuelles, aucun acide nucléique du nouveau coronavirus n’a été détecté dans le lait maternel des femmes puerpérales infectées (…) il peut également exister un risque de transmission de contact au cours de l’allaitement (…) conseillant aux femmes allaitantes infectées par le COVID-19 de nourrir leurs bébés au lait maternisé ou d’autres aliments au lieu du lait maternel”, peut-on lire dans l’article publié en mars 2020.
S’il est vrai, selon des études que, le virus de la Covid-19 n’a pas été retrouvé dans le lait maternel, les recherches effectuées par Togocheck, les recommandations formulées par les experts de la santé ainsi que les études menées à ce jour réfutent l’information relative à l’arrêt de l’allaitement maternel en raison d’une contamination de la mère à la Covid-19.
Les avantages de l’allaitement l’emportent sur les risques de contamination
Togocheck a contacté le docteur épidémiologiste KINDE Rebecca, via la messagerie WhatsApp. La spécialiste précise que “Aucune étude pour l’heure n’a prouvé qu’une mère peut transmettre le coronavirus à son enfant par l’allaitement“. Mais, poursuit docteur KINDE, il est possible que l’enfant soit contaminé par des sécrétions nasales ou les gouttelettes projetées par sa mère, mais pas par le lait maternel.
Cette recommandation est confirmée par les conclusions d’une étude menée sur 18 femmes enceintes et allaitantes, publiée le 6 octobre 2020 dans la revue médicale, Journal of American Medicine JAMA.
Selon cette étude, « Bien que l’ARN du SRAS-CoV-2 ait été détecté dans un échantillon de lait d’une femme infectée, la culture virale de cet échantillon était négative. Ces données suggèrent que l’ARN du SRAS-CoV-2 ne représente pas un virus capable de se répliquer et que le lait maternel peut ne pas être une source d’infection pour le nourrisson.
Lors d’une conférence de presse virtuelle retransmise sur son compte Twitter, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré le 12 juin 2020 : “L’OMS a minutieusement étudié les risques pour les femmes de transmettre la maladie Covid-19 à leurs bébés durant l’allaitement. Nous savons que les enfants sont relativement peu à risque face à la maladie, mais sont très exposés aux autres maladies et affections que l’allaitement prévient. Sur la foi des preuves disponibles, l’avis de l’OMS est que les bénéfices de l’allaitement excèdent tout risque potentiel de transmission. Les mères dont la contamination à la maladie Covid-19 est suspectée ou confirmée doivent être encouragées à commencer ou à continuer d’allaiter et ne doivent pas être séparées de leurs nourrissons, sauf si la mère est trop souffrante.
Le respect de quelques mesures est recommandé
Dans le même sens, l’UNICEF, dans un article intitulé : “Allaiter en toute sécurité durant la pandémie de COVID-19“, publié sur son site internet, est clair: “À ce jour, aucune transmission de virus actif (pouvant provoquer une infection) par le lait maternel et l’allaitement n’a été observée, mais les chercheurs poursuivent leurs recherches “. L’UNICEF recommande ainsi: “Continuez d’allaiter votre enfant s’il tombe malade. Qu’il ait contracté la COVID-19 ou une autre maladie, il est important de continuer de le nourrir au sein”.
“Le lait maternel renforce le système immunitaire de votre bébé et lui transmet vos anticorps, ce qui l’aide à combattre les infections”. Dans un document exclusivement dédié, l’OMS donne une réponse à toutes les inquiétudes que peuvent soulever l’allaitement maternel en cette période. À la question “Donner du lait maternel provenant d’une mère atteinte d’une COVID-19 confirmée ou présumée est-il sans danger ? “, l’agence onusienne répond : ” A ce jour, le virus infectieux de la COVID-19 (virus capable de se répliquer et qui peut être transmis) n’a pas été détecté dans le lait maternel de mères chez lesquelles une COVID-19 est confirmée ou suspectée. Il est donc peu probable que le virus puisse être transmis par le lait maternel provenant d’une mère atteinte d’une COVID-19 confirmée ou présumée”.
Le respect de quelques mesures est cependant recommandé. Dans le même document, l’OMS recommande un ensemble de gestes barrières à respecter par les femmes allaitantes ” Si une mère est atteinte d’une COVID-19 confirmée ou présumée, elle doit : se laver fréquemment les mains à l’eau propre et au savon, ou au moyen d’une solution hydroalcoolique, en particulier avant de toucher le bébé ; porter un masque médical pendant l’allaitement”. Selon l’OMS, ” il est important de : changer le masque dès qu’il devient humide ; le jeter immédiatement après une utilisation ; ne pas le réutiliser ; ne pas toucher l’avant du masque mais le retirer par l’arrière ; éternuer ou tousser dans un mouchoir en papier, le jeter immédiatement et se frotter les mains avec une solution hydroalcoolique ou se laver à nouveau les mains avec du savon et de l’eau propre ; nettoyer et désinfecter régulièrement les surfaces”. Toutes ces recommandations sont reprises dans une vidéo publiée par l’organisation sur Facebook et YouTube.
En clair, des études ont montré que le virus responsable de la Covid-19 ne se retrouve pas dans le lait maternel. De plus, aucune preuve de contamination de la Covid-19 par le lait maternel n’a encore été établie par les chercheurs. Il est donc erroné d’affirmer qu’une mère peut transmettre la Covid-19 à son enfant à travers l’allaitement.
Les spécialistes de la santé de l’OMS et de l’UNICEF, sont unanimes. Selon eux, la Covid-19 ne peut pas constituer un frein à l’allaitement maternel. Et comme le soutient l’OMS, “les nombreux avantages du contact peau à peau et de l’allaitement l’emportent largement sur les risques potentiels de transmission du virus de la COVID-19 et de la maladie associée “.