Faux : Aucune cargaison de poissons empoisonnés n’est déversée sur le marché Togolais

les messages vocaux qui circulent sur les réseaux sociaux, faisant croire que la douane Togolaise a laissé des poissons empoisonnés ou avariés entrer sur le marché togolais est une fausse information. Par ailleurs, la vidéo qui accompagne les messages en question est sortie de son contexte.
Photo d’illustration

Des messages vocaux en français et mina recommandent de s’abstenir de consommer les maquereaux dans les jours qui viennent. D’après ces messages, des cargaisons de ces poissons empoisonnés auraient été déversées sur le marché togolais. Les messages vocaux sont accompagnés d’une vidéo montrant des conteneurs déversant des cartons de poissons dans une fosse.

Mais, suite aux recoupements, d’une part, aucun stock de poisson empoisonné n’est actuellement sur le marché Togolais. D’autre part, la vidéo partagée n’a aucun rapport avec le Togo. Les faits qui y sont montrés se sont déroulés au Cameroun.

A propos de l’information

Dans la vidéo de 23 secondes, on aperçoit des ouvriers déchargeant dans une grande fosse, des cartons entreposés dans 3 conteneurs portés sur des camions remorques stationnés. Sur l’un des conteneurs, on peut lire la mention de l’entreprise Maersk. Aucune information sur la vidéo ne permet de déterminer, à première vue, le pays où se déroule la scène.

La vidéo est accompagnée de plusieurs messages vocaux en français, en mina ou encore en ewe. Dans l’un des messages vocaux en ewe, d’une durée de 6 min 23 sec, l’homme qui s’y exprime indique que des conteneurs de poissons “akpala” (akpala désigne en français, les chinchards, un poisson très consommé par la population) sont arrivés au Port de Lomé. Lors des tests sur le produit, il a été détecté que les poissons contiennent du poison. Mais, le temps que l’expertise se termine, sept (7) conteneurs de ces poissons ont été déjà autorisés à sortir du port et sont déjà sur le marché. L’auteur de la note vocale recommande alors aux populations, par précaution, de s’abstenir de consommer les “akpala” à compter de ce mois d’avril.

Message vocal de 6 min 23 sec en ewe
Message vocal de 57 secondes
Autre message relayé dans les groupes sur WhatsApp

Un autre message vocal de 57 secondes (ci-dessous), enregistré par un homme qui n’a pas décliné son identité, reprend les mêmes informations et prétend qu’il s’agit de 87 conteneurs de 40 pieds, de maquereaux qui sont arrivés au Port de Lomé. Et qu’en raison des 7 conteneurs qui sont déjà sur le marché, « le service d’hygiène et ‘’la santé’’ appellent la population à ne pas consommer les maquereaux pour le mois d’avril et les mois suivants »

Message vocal en mina relayé sur WhatsApp

Dans un autre message audio de 1 min 10 secondes, une voix féminine indique également que plusieurs conteneurs de “maquereaux” intoxiqués réceptionnés au Port autonome de Lomé sont sur le marché. La femme recommande aux membres de sa famille de ne pas consommer les maquereaux, mais plutôt d’acheter des maquereaux.

Une vidéo montrant des faits déroulés au Cameroun

Une recherche inversée d’image a permis de retrouver une vidéo similaire montrant la même opération avec les mêmes conteneurs, mais avec une mention à la ville de Douala au Cameroun. Sur la vidéo, on peut lire entre autres, que « des conteneurs de maquereaux empoisonnés ont été détectés au port de Douala ».

En poursuivant avec une recherche avec les mots clés (poissons détruits au Cameroun+2023), on retrouve qu’une opération de destruction de poissons mal conservés et avariés (ndlr : pas empoisonnés) s’est réellement déroulée en mars 2023 au Cameroun. L’information a été publiée par plusieurs médias camerounais et démentie par des médias de vérification d’information (ici, ici, ici).

D’après un article publié le 23 mars 2023 par le média camerounais, actucameroun.com, 4 conteneurs de poissons provenant de la Mauritanie, « ont été déclarés en état de putréfaction par les services sanitaires du Littoral. Ils ont été détruits les 16 et 17 mars derniers à la décharge de Hysacam (ndlr : 3ème Arrondissement de Douala ».

« L’information a été confirmée le 21 mars lors d’un point de presse du gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, et Victor Viban, délégué régional de l’élevage, des pêches et des industries animales pour le Littoral ». Ils précisent également que le poisson est parti en très bon état [de la Mauritanie], « et c’est la rupture de la chaîne de froid qui a entraîné la putréfaction du poisson ». Une information qu’a confirmée l’entreprise importatrice des poissons, contactée par la rédaction du média camerounais stopintox.

Il ne s’agit donc pas de poissons empoisonnés comme le prétendent les messages devenus viraux sur les réseaux sociaux. Et pour ce qui est des messages diffusés, l’autorité administrative au Cameroun estime qu’il s’agit d’une « manipulation des consciences et l’auteur de cette vidéo pourrait être rattrapé afin qu’il réponde de ses actes ».

Démenti formel des autorités Togolaises

Au Togo, suite à la diffusion de ces messages incriminant les Douanes Togolaises sur les réseaux sociaux, l’Office Togolais des Recettes (OTR) a fait un démenti formel sur le plateau du journal de la Télévision Togolaise (TVT), le dimanche 16 avril 2023 (ci-dessous).

Interview du Directeur des opérations douanières au Port autonome, Colonel Akaya, sur le plateau de la TVT

D’après Colonel Akaya, Directeur des opérations douanières au Port autonome de Lomé (PAL), le PAL n’a « pas du tout enregistré ces derniers temps, que ce soit cette année (ndlr : 2023) ou l’année passée, une cargaison de cette grande envergure », assurant que les opérations de destructions visualisées dans les vidéos virales ne se déroulaient pas au Togo, mais dans un autre pays. (ici)

Intox !

Au regard des recoupements, les messages vocaux qui circulent sur les réseaux sociaux, faisant croire que la douane Togolaise a laissé des poissons empoisonnés ou avariés entrer sur le marché togolais est une fausse information. Par ailleurs, la vidéo qui accompagne les messages en question est sortie de son contexte. Les faits qu’elle montre se sont déroulés à Douala (Cameroun) et non au Togo.

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