Le vaccin antipaludique RT GSK MOSQUIRIX ne constitue pas un danger et n’est pas déployé au Togo

Le vaccin antipaludique RT GSK MOSQUIRIX ne constitue pas un danger et n’est pas déployé au Togo
Les vaccins antipaludiques Mosquirix

Une note vocale de 9 minutes 3 secondes, partagée dans des groupes WhatsApp courant septembre 2025, alerte sur la dangerosité du vaccin antipaludique RT GSK MOSQUIRIX. 

Selon l’activiste Egounchi Behanzin, auteur de la note vocale, ce vaccin “contient du poison”. La note vocale faite en français puis en mina soutient que les rapports des essais cliniques de scientifiques indépendants transmis à l’OMS ont révélé des effets secondaires graves de ces vaccins. Il cite entre autres la méningite cérébrale, la convulsion, l’anémie, qui agit sur les enfants de sexe masculin vaccinés. Il  cite également un chercheur du nom de Christine Stabell Benn qui a fait une étude confirmant que “ce vaccin cause des cas élevés de décès chez les filles”, selon ses propos. 

S’attardant sur le cas du Togo, il a affirmé “(…), je l’avais dénoncé quelques mois en arrière que le gouvernement togolais allait lancer une campagne de vaccination avec le vaccin GSK RT MOSQUIRIX. Ils se sont servi de leur factcheck news pour affirmer qu’il s’agit de la désinformation que le gouvernement ne va pas lancer une campagne de vaccination. (…)”.

L’activiste affirme également que le vaccin est financé par Bill Gates qui l’impose à l’Afrique. Il invite donc la population Togolaise à refuser l’injection de ces vaccins à leurs enfants, soutenant que le vaccin, soutenant que “l’efficacité du vaccin ne dépasse pas 50% avec une immunité d’une durée de 1 à 2 ans.”

Cependant les vérifications montrent que ces propos de l’activiste contiennent des informations erronées. De plus, au Togo, l’état a introduit le vaccin R21/Matrix-M et non le RT GSK Mosquirix. 

Vérifications

D’après les recherches effectuées sur les différents comptes de réseaux sociaux de l’activiste, les informations véhiculées dans le message vocal sont similaires à celles de deux vidéo : l’une, publiée le 28 juillet 2025 sur la chaîne YouTube de la Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA), un mouvement qu’il a fondé et l’autre sur son compte Facebook, le 6 septembre 2025.

En effet, ces vidéos parlent de la dangerosité du vaccin antipaludique Mosquirix déployé dans certains pays d’Afrique noire. Ils reviennent sur les mêmes effets secondaires graves cités dans la note vocale et qui seraient observés lors des essais cliniques sur des enfants africains. Mais, une analyse de ces propos d’Egountchi Béhanzin, fait ressortir plusieurs contradictions.

D’abord, il affirme que c’est le vaccin GSK RT MOSQUIRIX qui est introduit au Togo. Et pourtant, cette information est fausse. Puisque, selon plusieurs sources crédibles affirment que le vaccin contre le paludisme introduit au Togo est le R21/Matrix-M. C’est le cas d’un article publié le 1er septembre 2025 par le ministère chargé de la santé. “…Face à cette situation, le Ministère chargé de la Santé introduit, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, le vaccin contre le paludisme pour renforcer les mesures de prévention du paludisme en faveur des enfants. Il s’agit du vaccin R21/Matrix-M.”, lit-on dans ledit article.

Le  vaccin R21/Matrix-M est le deuxième vaccin antipaludique recommandé par l’OMS depuis octobre 2023. Dans une publication en date du 27 mars 2024, la plateforme française dédiée aux vaccins mesvaccins.net indique que le R21/Matrix-M est développé par l’université d’Oxford. “La posologie repose sur un schéma de primo-vaccination à 3 doses de 0,5 ml à 4 semaines d’intervalle avec rappel 12 mois après la troisième dose. Il permet de réduire de 75 % le nombre de cas symptomatiques au cours des 12 mois suivant l’administration d’une série de trois doses. Une quatrième dose est administrée un an après la troisième et permet de maintenir l’efficacité du vaccin. Cette efficacité élevée est similaire à celle démontrée lors de l’administration saisonnière du RTS,S”.

Le vaccin GSK RT Mosquirix interdit ? Non !

Le vaccin GSK RT MOSQUIRIX est en réalité le nom commercial du vaccin RTS,S/AS01. Il est développé depuis 1987 par l’entreprise pharmaceutique britannique, GlaxoSmithKline (GSK) en collaboration avec l’Organisation à but non lucratif PATH Malaria Vaccine Initiative. Destiné aux enfants âgés de 5 à 24 mois, c’est le premier vaccin à être approuvé pour prévenir le paludisme, causé par le parasite Plasmodium falciparum.

« Le Mosquirix, qui a reçu en juillet 2015 un avis positif de l’Agence européenne du médicament (EMA), a déjà fait l’objet d’un essai à grande échelle, dit de « phase 3 », mené dans sept pays africains (Burkina Faso, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique et Tanzanie) dont les résultats ont été publiés en avril 2015 par The Lancet », lit-on dans un article du quotidien Le Monde en date du 6 mai 2019.

Selon les propos de l’activiste Egountchi Béhanzin, la mise sur le marché de ce vaccin par le laboratoire GSK était interdite. Mais, puisque la production du vaccin et l’OMS sont financés par Bill Gates, ce dernier a réussi à faire imposer ce vaccin en Afrique. Pourtant aucun des propos n’est justifié. 

Selon les vérifications effectuées par Togocheck, « l’EMA a émis un avis favorable à l’utilisation du vaccin Mosquirix chez les enfants âgés de 6 semaines à 17 mois qui vivent en zone d’endémie pour les protéger contre le paludisme à Plasmodium falciparum», comme l’indique Vidal sur son site internet 

Différentes sources consultées en ligne indiquent également que la mise sur le marché du vaccin GSK Mosquirix n’a pas été interdite. Au contraire, le vaccin a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) par l’Agence européenne des médicaments (EMA) le 24 juillet 2015 et une recommandation pour une utilisation à plus large échelle par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en octobre 2021. 

Nous n’avons pas retrouvé de pays parmi les vingt cinq ayant introduit le vaccin antipaludique en octobre 2025 qui ait signalé avoir été contraint à déployer ce vaccin sur son territoire, comme l’affirme l’auteur de la note vocale. Au contraire, plusieurs pays considèrent l’introduction de ces vaccins comme un moyen sûr pour contrer efficacement le paludisme qui sévit dans ces régions.

Au Togo, la coordination nationale de lutte contre le paludisme informe que la pharmacovigilance et la vaccinovigilance sont mis en place dans tous les districts sanitaires, pour la sécurité des enfants vaccinés et ce, pour toute la série vaccinale de l’enfant. 

Dans notre district à Agoè Nyivé, nous n’avons pas eu un retour d’effet secondaire suite à l’inoculation du vaccin. Lors de nos visites dans les foyers, certaines mamans ont signalé des douleurs de leurs enfants au point d’injection mais nous n’avons pas eu d’effets secondaires rapportés au centre de santé ” précise Bilakema Komlan, chef section promotion de la santé Agoè Nyivé. 

Un vaccin dangereux, des effets secondaires alarmants? Pas tout à fait vrai

Selon Egountchi Behanzin, “non seulement le vaccin est dangereux, il a été constaté depuis l’essai clinique que les rapports de scientifiques indépendants transmis aux OMS ont révélé des effets secondaires graves, ce qui constitue un grand risque. Ce vaccin non seulement agit sur les enfants garçons injectés, il cause la méningite cérébrale, la convulsion, l’anémie, et encore pire il a été remarqué qu’un taux de mortalité élevé chez les jeunes filles ayant reçu ce vaccin de GSK”. 

Pourtant plusieurs sources affirment que le vaccin antipaludique est fiable. Selon l’alliance des vaccins (GAVI), le vaccin RTS.S a permis une réduction des hospitalisations de cas graves du paludisme et une diminution importante de décès d’enfants. L’institution précise dans une publication en date du 22 janvier 2024 qu’une étude portant sur l’effet de l’association du vaccin RTS,S avec la distribution de moustiquaires a démontré que cette combinaison était efficace à hauteur de 71 % contre le paludisme clinique au cours des premiers 18 mois et de 65 % au cours des seconds 18 mois”.  

L’Organisation mondiale de la santé rappelle sur son site internet le 8 avril 2025, dans une rubrique dédiée aux vaccins antipaludiques l’efficacité et l’innocuité des deux vaccins RTS,S et R21. “Les deux vaccins antipaludiques sont sûrs et efficaces et ont été préqualifiés par l’OMS. Lors des essais cliniques de phase 3, (…) il a été constaté que les deux vaccins font baisser de 75 % le nombre de cas de paludisme lorsqu’ils sont administrés pendant la saison palustre dans les zones de transmission hautement saisonnière où une chimioprévention du paludisme saisonnier est assurée”., indique l’OMS.

Une autre étude publiée en février 2024 par Pubmed présente les résultats d’un essai de phase 3 portant sur l’innocuité et l’efficacité de ce vaccin, mené auprès de plus de 4 800 enfants dans quatre pays africains. “Les données issues de l’évaluation de l’introduction pilote du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 montrent que ce vaccin a réduit la mortalité toutes causes confondues de 13 % chez les enfants du groupe d’âge éligible à la vaccination… Outre la réduction significative de la mortalité toutes causes confondues, le vaccin a également permis une diminution de 22 % des hospitalisations pour paludisme clinique grave chez les enfants éligibles à la vaccination…” rapporte l’Alliance du vaccin (GAVI), dans une publication en date du 7 novembre 2023.

Des effets secondaires légers à modérés et des cas particuliers signalés

Les essais cliniques ont permis d’identifier plusieurs effets secondaires, généralement légers à modérés pendant les essais cliniques, peut-on lire dans extrait du rapport de la réunion du Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale, GACVS tenu du 13 au 15 novembre 2023, publié dans le Relevé épidémiologique hebdomadaire de l’OMS du 1er mars 2024 sur le site internet du bureau mondial de l’OMS.

Toutefois, le comité a recommandé lors d’une réunion Ad hoc en juillet 2023, une surveillance étroite des événements indésirables comme les cas de décès “considérés comme non liés à la vaccination, ainsi que les convulsions, les convulsions fébriles dans les sept jours et la fièvre sévère (pouvant entraîner des convulsions fébriles), en particulier en cas d’administration concomitante du vaccin avec d’autres vaccins”

Une étude antérieure publiée dans la revue “Pan African medical Journal” en juin 2018 titré “ Le vaccin antipaludique RTS,S/AS01 chez les enfants âgés de 5 à 17 mois au moment de la première vaccination “. On note dans les conclusions de cette étude un risque identifié de convulsions fébriles dans les 7 jours suivant la vaccination chez les enfants âgés de 5 mois ou plus. Ces conclusions indiquent aussi que des incertitudes concernant certaines observations, telles que les méningites, le paludisme cérébral et la mortalité par sexe, seront prouvées en profondeur dans les études de phase IV et pendant l’implémentation pilote. 

Les recherches de Christine Stabell Benn  

Selon Egountchi Behanzin, les études de la chercheuse Christine Stabell Benn, confirment  les raisons pour lesquelles le vaccin cause des cas élevés de décès chez les filles. 

Les informations disponibles en ligne indiquent que Christine Stabell Benn est docteure en médecine, docteure-ès-sciences médicales et titulaire d’une maîtrise en éducation avancée. Elle est professeure de santé mondiale à l’Université du Danemark du Sud et titulaire de la chaire de l’Institut danois d’études avancées.

Ses recherches portent sur “les interventions de santé et leurs effets concrets sur la santé globale. Elle a constaté que les vaccins et les vitamines influencent la santé globale bien plus largement que ne le laissent supposer leurs effets spécifiques connus. Ces effets varient souvent selon le sexe et peuvent interagir entre eux, ce qui rend l’ordre et la combinaison des interventions de santé plus cruciaux qu’on ne le pense généralement ”, peut on lire sur ce site.

Elle montre à travers ses recherches que les vaccins peuvent avoir des effets plus larges sur la santé systémique et remet en question l’idée selon laquelle le vaccin protège seulement contre la maladie ciblée.

D’après une publication en date du 26 décembre 2029 du site dédiée à l’actualité scientifique, sciencenews.dk, “ depuis 40 ans, des chercheurs danois du Statens Serum Institut et de l’Université du Danemark du Sud ont démontré que les vaccins contre toutes sortes de maladies, de la polio et la variole au paludisme et à la tuberculose, ont des effets à la fois bénéfiques et néfastes sur la santé, sans lien avec les maladies contre lesquelles les vaccins protègent ”.

Un résumé de ces recherches datant de 2019, publié sur Pubmed par Christine Stabell Benn et ses collègues revient sur les effets du vaccin antipaludique qui a augmenté la mortalité chez les filles.

Selon Christine Stabell Benn “ Un vaccin contre le paludisme qui ne réduit pas la mortalité n’a aucun sens. Nous avons donc demandé à GlaxoSmithKline l’accès aux données originales et avons constaté que le vaccin réduisait la mortalité chez les garçons de seulement 15 %, tout en doublant le taux de mortalité global chez les filles. Il s’agit du sixième vaccin non-vivant que nous associons à une augmentation de la mortalité chez les filles, un phénomène que nous avions déjà observé avec d’autres vaccins non vivants “.

On retrouve une conclusion similaire de la scientifique danoise et de son collègue Peter Aalby dans un article publié le 27 mai 2020 sur Pubmeb et titré “Les effets non spécifiques et différentiels selon le sexe des vaccins”.

Dans un résumé d’article publié en août 2023 dans la revue The Lancet et titré “ Vaccin antipaludique RTS,S/AS01: son innocuité et son efficacité sont-elles prouvées ?“ Christine Stabell Benn et ses collègues concluent que l’impact revendiqué du programme de mise en œuvre de la vaccination antipaludique (MVIP) sur la mortalité “ ne repose pas sur des preuves scientifiques suffisantes et que ses résultats n’excluent pas la possibilité d’une mortalité accrue chez les filles vaccinées par rapport aux garçons vaccinés, comme observé dans les études de phase 3. Le MVIP devrait se conformer pleinement aux analyses prévues et les données devraient être mises à disposition pour une évaluation indépendante. Le déploiement du vaccin ailleurs devrait s’accompagner d’une évaluation rigoureuse, notamment de son innocuité ” .

En définitive… 

Cette note vocale partagée dans des groupes Whatsapp, mettant en garde contre la dangerosité du vaccin antipaludique RTS,S ou Mosquirix de GSK pour les enfants, repose sur des informations erronées voire trompeuses. Au Togo, les autorités sanitaires ont introduit le vaccin R21/Matrix-M, recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2023, qui a démontré une efficacité significative contre le paludisme à Plasmodium falciparum.

Par ailleurs l’une de ces sorties antérieures, Togocheck avait déjà démenti des propos d’Egountchi Behanzin issue d’une de ses sorties antérieures et selon lesquels une présumée campagne de vaccination contre le paludisme a été lancée au Togo, le but de cette campagne étant d’injecter des vaccins périmés aux populations africaines afin de leur nuire, mais l’information était fausse. 

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