Malgré son importance dans la protection contre les maladies qui peuvent parfois entraîner la mort, la vaccination est considérée par certains comme inutile. Pourtant, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la vaccination sauve la vie de 2 millions de personnes chaque année dans le monde.
À l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination qui sera célébrée cette année du 22 au 28 avril, notre rédaction décrypte les fausses informations basées sur la vaccination.
Qu’est-ce que la vaccination ?
Selon les recoupements faits, la vaccination est un moyen simple, sûr et efficace pour se protéger des maladies dangereuses, avant d’être en contact avec ces affections. Elle utilise les défenses naturelles de l’organisme pour créer une résistance à des infections spécifiques et renforcer le système immunitaire. Les vaccins stimulent le système immunitaire pour créer des anticorps, de la même manière que s’il était exposé à la maladie.
Mais comme les vaccins ne renferment que des formes tuées ou atténuées des germes, virus ou bactéries, ils ne provoquent pas la maladie et n’exposent pas le sujet à des risques de complications.
La plupart des vaccins sont administrés par injection, mais certains se prennent par voie orale ou par aérosol nasal.
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France, spécialisé dans la recherche médicale, précise que la vaccination permet de protéger un individu contre une maladie en stimulant son système immunitaire. Les vaccins préventifs permettent de prévenir l’apparition d’une maladie d’origine infectieuse ou de limiter sa sévérité, alors que les vaccins thérapeutiques permettent d’aider le patient à lutter contre une maladie en cours, par exemple un cancer.
“La vaccination protège contre la survenue de certaines maladies ou le développement de formes graves de certaines d’une part, elle permet, si un grand nombre de personnes est immunisé, de construire une barrière de protection pour la population contre les maladies. Elle est très importante chez l’enfant car nous avons des maladies comme la poliomyélite qui peuvent donner des séquelles à vie. Aujourd’hui nous observons la disparition des maladies qu’on craignait dans le temps car toute une génération a reçu les vaccins contre ces maladies. C’est une donnée à ne pas négliger, il nous faut protéger nos enfants et les générations futures”, a déclaré Docteur Prisca TALBOUSSOUMA, médecin et responsable du centre de santé d’Amoutivé à Lomé.
De fausses idées sans fondement
Plusieurs fausses idées, dont certaines ont été démontées par notre rédaction ( ici, ici ; ici et ici) circulent toujours sur la vaccination. Ces idées sont amplifiées par les réseaux sociaux et sèment le doute dans l’opinion.
Les anti-vaccins soutiennent que le vaccin provoque des effets indésirables à long terme. Mais selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les vaccins sont très sûrs et la majorité des réactions vaccinales sont habituellement mineures et passagères. Les manifestations post-vaccinales graves sont extrêmement rares et elles font l’objet d’un suivi et de recherches approfondies. Le risque de contracter une maladie évitable est beaucoup plus grand lorsqu’on ne se fait pas vacciner.
D’autres estiment que l’on a plus besoin de se vacciner contre une maladie qui a disparu. Mais l’information est démentie par le médecin spécialiste des maladies infectieuses et tropicales en France, Docteur Hugues Aumaître. Dans un article publié le 1er mars 2019 par le site d’information sur la santé Doctissimo, le spécialiste explique que dans un pays, les personnes non-vaccinées peuvent provoquer une réapparition d’une maladie déclarée quasi-disparue : “C’est notamment le cas de la rougeole. Cette maladie avait quasi disparu en France. Or une couverture vaccinale insuffisante a provoqué une recrudescence des cas ces dernières années. Le problème, c’est que dans le cas où une maladie présente une couverture vaccinale de 95 % de la population, les 5 % restants sont les personnes les plus réfractaires aux vaccins et les plus difficiles à convaincre”, a-t-il déclaré.
La politique de vaccination pour une maladie peut être arrêtée quand celle-ci a été complètement éradiquée. Cette décision se fait à l’échelle mondiale (OMS) ; un exemple en est l’interruption de la vaccination antivariolique en 1980.
Pour d’autres, une bonne hygiène et assainissement feront disparaître les maladies, donc il n’est pas nécessaire de se vacciner. Cette thèse n’est pas vérifiée. “ Les maladies contre lesquelles nous pouvons nous faire vacciner réapparaîtront si nous mettons fin aux programmes de vaccination. Même si une meilleure hygiène, le lavage des mains et l’eau potable contribuent à protéger les populations contre les maladies infectieuses, de nombreuses infections peuvent encore se propager, quel que soit notre degré de propreté. “Si les gens ne sont pas vaccinés, des maladies devenues rares, telles que la poliomyélite et la rougeole, ressurgiront rapidement”, a indiqué l’OMS.
Malgré tous les efforts des anti-vaccins pour décrédibiliser les vaccins, beaucoup de citoyens pensent que la vaccination reste le moyen sûr pour prévenir les maladies. “J’entends beaucoup de personnes dire que la vaccination, c’est pour nous tuer, qu’on fabrique des choses à l’extérieur pour venir tester sur nous ici. Donc quand ils vont nous vacciner, ils vont nous tuer. Mais malgré ce que les gens disent, moi, je suis pour la vaccination, parce que c’est pour prévenir les maladies. Je crois que tout le monde doit faire confiance à ceux qui apportent ces vaccins”, déclare Alida Akakpo, journaliste à Lomegraph.tg à Lomé.
Cet avis est partagé par Kossi Komi, un entrepreneur web résidant à Lomé, spécialisé dans la création et la gestion d’entreprises en ligne. Mais pour lui, les vaccins doivent être scientifiquement prouvés. “Je suis pour la vaccination, car elle sauve des vies en prévenant la propagation des maladies graves. Cependant, il est crucial de vérifier les sources de provenance des vaccins pour s’assurer qu’elles sont fiables et fondées sur des preuves scientifiques solides”.
Le médecin généraliste à Lomé Damien EKOUE-KOUVAHEY revenant sur le sujet rappelle l’innocuité et l’efficacité des vaccins : “la vaccination permet de sauver des vies surtout celles des enfants, et ce, dès la naissance. Il y a des maladies infectieuses graves comme la rougeole, ou encore la poliomyélite pour lesquelles il n’existe pas encore de traitement spécifique ; seuls les vaccins permettent pour le moment de se protéger contre ces maladies. La vaccination, loin d’être dangereuse, joue un rôle primordial dans la protection des enfants contre plusieurs maladies” a-t-il déclaré à notre rédaction.
Dans un précédent article sur l’efficacité du vaccin retenu par le Togo dans le cadre de la campagne de vaccination des filles contre le virus du papillome humain, Togocheck avait interrogé le médecin de santé publique et Chef section suivi-évaluation à la division de l’immunisation au Ministère de la Santé au Togo, Docteur Looky Djobo qui a souligné qu’il faut l’accord d’une autorité de réglementation pharmaceutique avant l’acheminement de tout vaccin vers le Togo. “Les vaccins n’arrivent pas au Togo comme ça. Nous avons une autorité nationale de réglementation pharmaceutique qui doit donner son accord avant que le vaccin puisse arriver au pays. Et c’est ce que nous appelons autorisation d’importation du vaccin. Nous avons eu cette autorisation ; pour dire que tout est réglementé ; tout est surveillé, tout est vérifié avant que les vaccins n’arrivent au Togo”.
Pour sa part, Docteur Prisca TALBOUSSOUMA soutient que les personnes qui sont contre la vaccination ont leur raison, mais la vaccination joue un rôle essentiel dans la protection des humains depuis plusieurs générations. “Ne condamnons pas les personnes qui sont contre la vaccination. Ils ont leurs raisons. D’un point de vue Santé publique, qu’on le veuille ou pas, la vaccination a joué son rôle depuis des générations. Si aujourd’hui on remet en doute l’efficacité des vaccins, ce serait reprendre le processus à zéro, laisser nos parents, nos enfants, la population être touchés par des causes évitables. Il faut du temps et plusieurs études pour développer des vaccins. Peut-être qu’ils gagneraient en assurance si les vaccins étaient développés chez nous en Afrique, mais même dans ce cas, allez voir si nous faisons assez confiance à nos scientifiques 100% africains qui sont excellents dans leur domaine, pour ne pas remettre en doute l’efficacité de ces vaccins. Il faudrait laisser libre choix à chacun, pour peser le pour et le contre de la vaccination et enfin suivre le bon sens en oubliant pas le bien être de son entourage. Parce que quand je me vaccine, je me protège et je protège aussi l’autre…”
Historique de la vaccination
De nos recherches , il ressort que le premier vaccin efficace au monde a été créé en 1796 par le médecin de campagne anglais Edward Jenner. Il découvre que les personnes infectées par la vaccine, une maladie bénigne des vaches, sont immunisées contre la variole. En transmettant la vaccine à un enfant et en lui inoculant ensuite la variole, il observe que l’enfant ne développe pas la maladie. Le nom de vaccination est donné à cette opération. Le perfectionnement et la généralisation de la vaccination antivariolique permettront l’éradication mondiale de cette maladie en 1980.
En 1885, grâce à la vaccination post-exposition, Louis Pasteur a réussi à prévenir la rage. La maladie mettant plusieurs semaines pour se développer chez l’homme après une morsure d’animal, Pasteur vaccine plusieurs patients rapidement après la morsure pour éviter que la maladie ne se développe.
En 1945, le premier vaccin contre la grippe a été approuvé pour un usage militaire, puis pour un usage civil en 1946.
Le premier vaccin efficace contre la polio a été mis au point par Jonas Salk entre 1952 et 1955, Le début de la vaccination de masse remonte à 1967.
Baisse de la couverture vaccinale due à la covid 19
Dans son rapport publié en avril 2023 sur “la situation des enfants dans le monde. Pour chaque enfant, des vaccins”, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) souligne que la couverture vaccinale a connu une très forte baisse pendant la Covid-19. Ce qui a privé des millions d’enfants supplémentaires de la protection contre certaines des maladies infantiles les plus graves. L’organisation ajoute qu’il est important de mener des campagnes de rattrapage et de relancer la vaccination. Le rapport aborde les dispositions qui permettront de protéger les enfants contre les maladies à prévention vaccinale.
Au total, 67 millions d’enfants sont privés de vaccin entre 2019 et 2021. 48 millions parmi eux n’en ont reçu aucun. Dans presque la moitié des 55 pays étudiés dans le rapport, plus de 80% des personnes interrogées considèrent qu’il est essentiel de faire vacciner les enfants.
Situation de la vaccination en Afrique
Selon l’OMS, en Afrique, environ 33 millions d’enfants devront être vaccinés entre 2023 et 2025 pour permettre au continent d’atteindre les objectifs mondiaux de vaccination pour 2030, notamment la réduction de la morbidité et de la mortalité dues aux maladies évitables par la vaccination.
Dans un communiqué publié le 20 avril 2023, l’UNICEF souligne dans son rapport intitulé « Situation des enfants dans le monde 2023 : Pour chaque enfant, des vaccins » révèle que 12,7 millions d’enfants en Afrique n’ont pas reçu un ou plusieurs vaccins au cours des trois dernières années.
A ce jour…
La vaccination reste un moyen sûr pour protéger les humains contre les maladies dangereuses. Avant leur mise sur le marché, les vaccins suivent un processus rigoureux qui permet de tester leur efficacité. Même s’ils peuvent provoquer des effets secondaires, ces derniers sont généralement mineurs et de courte durée. Les effets secondaires plus graves sont généralement rares.
Cet article a été mis à jour le 16 avril 2024